Il y a en France 60 millions de livrets A, possédés dans leur immense majorité par les milieux populaires. La moyenne des dépôts est de 3 796 euros. Seuls 1,7 million de livrets atteignent le plafond. Bien souvent à La Poste, dans la deuxième partie du mois, les livrets sont vidés pour boucler le mois tant que faire se peut.

Il faut tout le cynisme d'un gouvernement au service des nantis pour oser dire que la décision qu'il va prendre vise à encourager la « réorientation de l'épargne », ou encore « favoriser la consommation et l'activité économique ».

En réalité, ce qui se prépare vise simplement, encore une fois, à spolier les plus démunis pour offrir des cadeaux aux banquiers milliardaires, sur le dos des plus pauvres. Certes, cela ne fera pour l'essentiel que quelques dizaines d'euros détournés de la poche des ménages les plus modestes. Mais, comme ceux-ci se comptent en dizaines de millions, cela fera des milliards dans la poche des banquiers. Car aujourd'hui les banques peuvent ouvrir un livret A à leurs clients et bénéficient de 35 % des dépôts du livret A. Et cet argent elles le placent, elles, à des taux autrement plus rémunérateurs, ne serait-ce qu'en le prêtant à l'État. Quant à savoir quelle est la part qui, comme théoriquement ce devrait être, va aller abonder le logement social, bien malin qui pourrait le dire. De toute façon le gouvernement, quant à lui, n'a pas attendu cela pour réduire à la portion congrue ses dotations pour le logement social.

Mais il ne faut pas s'inquiéter. Si le gouvernement sait se montrer dur et impitoyable envers toutes les petites gens, s'il n'hésite pas à leur faire les poches du moindre centime, le 19 juillet Hollande va recevoir en grande pompe tous ces banquiers arnaqueurs pour les rassurer et leur donner tout ce qu'ils demandent, fût-ce aux dépens des caisses publiques.