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Leur société
Hollande en Tunisie : Les affaires d'abord
Accompagné d'une dizaine de ministres et d'une cinquantaine de patrons français, plus deux ou trois intellectuels pour faire genre, Hollande a puissamment travaillé sa langue de bois et veillé à ne pas aborder les sujets qui fâchent... les autorités tunisiennes.
Ainsi, des remarques formulées par des ONG au sujet des libertés abondamment bafouées par le gouvernement tunisien, rien n'a été retenu. Foin d'Amina Sboui, la jeune féministe emprisonnée depuis des semaines pour avoir bravé la morale réactionnaire dominante en posant torse nu sur son propre blog. Le 4 juillet, Amina était maintenue en prison par décision du tribunal de Sousse, mais personne n'en a sans doute informé Hollande. Rien non plus, au sujet du blogueur Jabeur Meiri, condamné à sept années et demie de prison pour avoir publié des caricatures de Mahomet. Pas un mot sur le projet de constitution, dont certains paragraphes ont de quoi inquiéter les femmes et ceux qui refusent les inégalités.
En revanche, Hollande n'a aucunement été gêné que sa visite apparaisse comme un soutien au gouvernement dirigé par les islamistes d'Ennahda, qui se sont montrés satisfaits de voir leurs positions politiques générales confortées par un « La France sait que l'islam et la démocratie sont compatibles ». L'islam peut-être, mais pas les islamistes, pensent nombre d'opposants au pouvoir d'Ennahda, inquiets de la progression des exactions des « Ligues de protection de la révolution » et autres nervis intégristes.
Ceux qui espéraient que Hollande ait une attitude en complète rupture avec celle de Sarkozy à l'égard de Ben Ali en seront pour leurs frais. Là encore, la continuité est de mise.
La situation des masses tunisiennes, écrasées dans certaines régions par le chômage (26 %, officiellement), les hausses des prix, les menaces constituées par le prêt signé avec le FMI un mois plus tôt, qui se traduira par de nouvelles attaques contre la population, n'entrait visiblement pas dans « l'agenda » de Hollande en Tunisie.
Malgré l'hommage rendu au dirigeant indépendantiste Farhat Hached, fondateur du syndicat UGTT assassiné en 1952 par les paramilitaires français de la Main Rouge, les contrats économiques esquissés dans la tradition des rapports franco-tunisiens traditionnels ne sont sans doute pas apparus... compatibles avec des critiques à l'égard du régime de Marzouki.