Chantiers navals STX – Saint-Nazaire : Un projet qui a du mal à passer10/07/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/07/une2345.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Chantiers navals STX – Saint-Nazaire : Un projet qui a du mal à passer

Pendant deux mois, les débrayages se sont succédé contre la direction et son projet d'accord de compétitivité, qui prévoit de faire travailler vingt minutes de plus par jour sans que le salaire en soit modifié pour autant ! Avec ça, la direction annonce qu'elle pourra faire travailler 48 heures certaines semaines quand d'autres seront purement et simplement chômées. Au passage, elle en profite pour raboter un certain nombre de primes, augmenter les cotisations salariales de la mutuelle tandis que ses prestations seraient diminuées.

Depuis plusieurs semaines déjà, les débrayages organisés par la CGT et FO avaient marqué les esprits, par la présence, en plus des ouvriers, de nombreux employés des bureaux d'études et même d'agents de maîtrise et de cadres. Cela signifiait que la contestation était massive, bien que le syndicat majoritaire dans les bureaux, la CFDT, se soit déclaré d'accord pour étudier le projet avec la direction.

Lorsque le projet de la direction, sur papier, est tombé, l'ensemble de l'atelier 180T s'est spontanément rassemblé dans l'allée centrale pour se mettre en grève. Il faut dire que le peu de production qui reste à faire aux Chantiers s'y concentre et s'y effectue dans des conditions lamentables, des conditions qui ressemblent d'ailleurs à ce que prévoit le projet d'accord ! Démarrée le 20 juin, la grève a duré douze jours, les 150 travailleurs s'organisant en assemblée générale quotidienne.

Tous les matins et le midi, les grévistes ont décidé de la grève, puis de l'organisation des tâches de la journée : « tournée des popotes » ou autrement dit manifestation vers les travailleurs de tous les secteurs du Chantier, fabrication de banderoles, élaboration d'une chanson pour montrer leur moral lors des débrayages syndicaux qui continuaient en parallèle, fabrication d'un tract invitant d'autres secteurs à se joindre à eux, discussions sur la suite du mouvement, etc. Cela répété tous les jours a créé une cohésion entre les travailleurs qu'ils n'avaient jamais vécue jusque-là !

Le patron a tenté par tous les moyens de diviser les travailleurs. Mais à chaque fois cela a été peine perdue. Il a même tenté d'assigner des grévistes en justice sur la base d'un constat d'huissier ridiculement vide. Immédiatement, par le biais des téléphones portables, ce sont des dizaines de travailleurs d'autres secteurs qui ont accouru vers l'atelier en grève pour manifester leur colère. La direction a décidé immédiatement d'annuler sa procédure !

Cela a fait d'autant plus rire le chantier que les grévistes avaient décidé de reprendre le travail le vendredi 5 juillet, tous ensemble, la tête haute. Finalement la provocation de la direction a prolongé la grève d'une journée. Les grévistes voulaient obtenir par écrit qu'aucune sanction disciplinaire ni plainte en justice ne soient prises pour fait de grève ainsi que l'étalement du paiement des jours de grève sur plusieurs mois. La direction a signé. Du jamais vu aux Chantiers !

C'est avec un moral d'acier et avec beaucoup de fierté que les travailleurs ont décidé de reprendre. Pour eux, il faudra continuer à se battre, après les vacances, contre ce projet d'accord comme sur bien d'autres sujets d'ailleurs, et ils se sentent aujourd'hui collectivement plus forts pour le faire !

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