Sevelnord – Valenciennes : Accord de compétitivité – Tu parles d'un modèle !26/06/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/06/une2343.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Sevelnord – Valenciennes : Accord de compétitivité – Tu parles d'un modèle !

Sevelnord, usine automobile près de Valenciennes, filiale de PSA, a été soi-disant sauvée en juillet 2012 par un accord de compétitivité signé par plusieurs syndicats de l'usine (SPI-GSEA, CGC, FO), la CGT n'ayant pas signé. Cet accord a servi de modèle à bien d'autres, utilisant le chantage à la fermeture d'une usine pour obtenir la signature de syndicats et le soutien de politiciens de tous bords, pour imposer des reculs importants en l'échange de la promesse &ndash ; encore à vérifier &ndash ; du maintien d'une activité de production.

À Sevelnord, l'accord s'intitulait « accord d'entreprise sur l'adaptation des conditions de travail, la pérennisation des emplois et le développement de Sevelnord ».

Pour le développement, attendons de voir si le futur véhicule utilitaire promis pour fin 2015 arrive vraiment. S'il arrive, attendons de voir s'il se vend. Autrement dit, la promesse du patron dépendra, comme toujours, de l'état du marché, donc des profits. Si les profits ne sont pas au rendez-vous, PSA enterrera vite ses promesses. Les syndicalistes et les politiciens qui ont fait semblant de croire PSA le savent, mais ils ont joué le jeu quand même et ils ont accepté le gel des salaires et tout le reste avec.

En onze ans, les effectifs de l'usine sont passés de 4 000 à 2 250. Et le nouveau directeur qui vient de prendre ses fonctions l'a répété : il y a encore, selon lui, 300 travailleurs de trop dans l'usine. Alors, même s'il n'y a pas officiellement de licenciements, il y a les pressions constantes pour inciter au départ, avec une misère : trois mois de salaire pour dix ans d'ancienneté, ou dix-sept mois pour quarante ans.

Le 6 juin, à la passation de pouvoir entre les deux directeurs, Denis Martin, le directeur industriel de PSA, y est allé de son couplet : « Il faut aller plus loin, être encore plus exigeants, faire de Sevelnord une référence industrielle incontournable en matière de production de véhicules utilitaires légers. »

Les politiques locaux ainsi que les syndicalistes signataires ont fait des cadeaux au directeur sortant et ont salué le rentrant, qui les a appelés à « se mettre en ordre de bataille pour réaliser ce beau projet ». Mais ce n'est pas eux, les victimes de la bataille !

C'est dans les ateliers que la course à la compétitivité fait des ravages : des centaines de postes de travail ont été supprimés, le temps de travail des deux équipes a été rallongé de dix minutes en juin et en juillet. Quatre samedis travaillés obligatoires ont été annoncés pour la même période. Les engagements ont été revus à la hausse et tous les moyens sont bons pour tenter d'accélérer la production, y compris les menaces et les sanctions. Quand elle est jugée insuffisante, de l'overtime est prévu : la direction peut désormais annoncer à une équipe qu'elle va travailler jusqu'à 21 minutes supplémentaires le jour même. Il suffit qu'elle prévienne quelques heures avant la fin du poste !

Tout cela provoque évidemment fatigue supplémentaire et accidents. Mais ces dernières semaines il y a aussi eu plusieurs débrayages dans des secteurs différents, dont certains de plus de deux heures. Contre des sanctions, mais aussi et surtout contre le surengagement. La direction s'en sort pour l'instant en distillant des renforts temporaires.

À sa façon, un des syndicats signataires de l'accord, qui craint la généralisation des débrayages, vient de le reconnaître en demandant à la direction de « remettre en place une bonne dose de social ».

Les demandes respectueuses ne suffiront pas... il faudra l'imposer !

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