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- Lutte ouvrière n°2343
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Dans les entreprises
Gates – Nevers : Une bouffée d'air
Depuis des semaines, la direction de Gates à Nevers fait la chasse à tout arrêt de production. Les travailleurs sont surveillés, épiés. Le directeur lui-même est allé jusqu'à se cacher (mal) derrière des bâtis.
Avec les mouchards informatiques installés depuis quelques mois, l'espionnage a franchi un degré de plus. Tous les arrêts de production des courroies sont transmis en direct à la direction, le temps, la production perdue. C'est alors la convocation au bureau, la menace de sanction, voire la sanction tout court. Dernièrement, des travailleurs ont été menacés pour avoir arrêté le travail dix ou quinze minutes avant l'heure de leur fin de poste.
Même lorsque l'arrêt est dû à la politique de flux tendu, au fait qu'une matière n'est pas arrivée et que cela provoque un arrêt, il faut se justifier. « Quand ça va mal, c'est toujours notre faute », a dit un gréviste. Et pour rattraper le retard, il n'est pas rare d'entendre : « Tu ne voudrais pas venir travailler samedi ? ». Ou encore mieux : « Vous n'êtes pas courageux dans ce coin ! ».
Les sentiments d'écoeurement, de dégoût, d'étouffement ne font que grandir. Et vendredi 21 juin, la décision de débrayer deux heures en fin de postes a fait l'unanimité. Toute la journée, les discussions ont été nombreuses et tout y passait, les salaires et le coût de la vie, les congés que la direction a imposés quand il y avait prétendument une baisse de commandes, les fins de mois qui commencent au 15, le chômage, les retraites, la gauche qui fait la même politique que Sarkozy... Beaucoup affirmaient leur décision de débrayer et en avaient le sourire aux lèvres, se reconnaissaient unanimes. « Y'en a marre, ça va leur faire du bien », « Des années qu'il faut faire des efforts et ils nous traitent comme des moins que rien ».
C'était un avertissement et tous sont contents d'avoir débrayé. Depuis l'atmosphère est changée et les discussions ne sont pas terminées.