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- Lutte ouvrière n°2338
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La Fête de Lutte Ouvrière
Nathalie Arthaud, lundi 20 mai : Travailleurs de tous les pays, mêmes exploiteurs, même combat
(...) Les damnés de l'exploitation capitaliste du Bangladesh, de Malaisie, d'Inde, de Thaïlande, du Vietnam, les millions d'esclaves des temps modernes éparpillés aux quatre coins du monde sont nos sœurs, nos frères de combat. Alors, sachons-le, tous ceux qui essaient de nous dresser les uns contre les autres, sous quelque forme que ce soit, sont nos ennemis !
Pour que l'immense force sociale qu'est le prolétariat international renverse la bourgeoisie pour mettre fin à l'exploitation, il doit être organisé, conscient de ses objectifs, de sa capacité à prendre la société en main et à la diriger.
Tout au long de l'histoire du mouvement ouvrier, la conscience révolutionnaire s'est concrétisée à travers des Internationales, en même temps qu'à travers des partis. La Première puis la Seconde Internationale ont répandu parmi les travailleurs la conscience de faire partie d'une seule et même classe ouvrière, de vivre et de combattre pour une même cause. La Troisième Internationale, proclamée après la révolution russe, se considérait comme le parti mondial de la révolution communiste jusqu'à ce que la bureaucratie stalinienne la liquide, d'abord politiquement puis en la dissolvant purement et simplement.
Un des pires dégâts du stalinisme dans les consciences est d'avoir inventé la notion de « socialisme dans un seul pays » et d'avoir enchaîné les partis communistes des différents pays derrière le nationalisme, c'est-à-dire derrière leur bourgeoisie nationale. Qui peut pourtant imaginer résoudre les problèmes au niveau national ? Qui peut penser résoudre les problèmes de l'économie, de l'environnement à l'échelle nationale ? La mondialisation, l'interdépendance des économies sont un fait !
(...) Alors, faire croire que la solution est le repli sur soi est une stupidité réactionnaire. Mais c'est une stupidité de plus en plus partagée, sous des variantes diverses, qui vont du nationalisme au protectionnisme en passant par la démondialisation.
Sur ce terrain, la seule différence entre l'extrême droite lepéniste et les partis parlementaires de droite ou de gauche est dans la virulence du langage.
Ce sont des idées stupides parce que l'interdépendance des économies ne peut plus se défaire : combien d'usines, dispersées dans combien de pays, participent à la fabrication d'un avion ? Combien de salariés ici, en France, travaillent pour le compte d'une entreprise américaine, japonaise, anglaise ou allemande ?
(...) Mais c'est surtout un piège pour les travailleurs car dans les pays impérialistes, en particulier en France, même lorsque le protectionnisme est présenté comme un moyen de protéger les travailleurs, c'est clairement avec la prétention de le faire contre la concurrence des travailleurs de pays pauvres, d'Afrique ou de Chine.
Et c'est un moyen de dresser les travailleurs de ce pays contre leurs frères de classe des autres pays et de les enchaîner derrière leur bourgeoisie impérialiste.
Une des variantes à la mode aujourd'hui de ce nationalisme imbécile est d'accuser l'Allemagne en général et Merkel en particulier d'imposer l'austérité en Europe. Merkel ne vaut certes pas mieux que Hollande, Cameron ou tous ces chefs d'État européens qui répercutent sur leurs peuples respectifs les exigences de la finance internationale.
Mais, en France, Hollande n'a pas eu besoin de Merkel pour mener sa politique d'austérité. Ce n'est pas le Parlement allemand qui a voté l'accord de flexibilité, c'est le Parlement français, où les socialistes sont majoritaires. Ce n'est pas Merkel qui a soufflé à Hollande l'idée du crédit d'impôt compétitivité de 20 milliards, ce cadeau scandaleux que nous paierons tous, c'est le grand patronat.
Non, la politique d'austérité n'est pas « allemande ». Faire payer les travailleurs, imposer des sacrifices à la population est le b.a.-ba des politiques menées par tous ceux au pouvoir, qu'ils soient allemands, français, de droite ou de gauche. Qui feraient-ils payer sinon ? Les capitalistes ? Les actionnaires ? La bourgeoisie ? Mais c'est justement ce qu'ils ne veulent pas faire !
La domination de l'impérialisme continue de faire des ravages
(...) Le continent africain a d'abord été vidé de son sang avec la traite des esclaves, des siècles durant. Il a ensuite été colonisé près d'un siècle, mis encore en coupe réglée par toutes les puissances de l'époque. À cette époque personne ne parlait de fermer les frontières ! Aujourd'hui sous-développée, l'Afrique continue d'être pillée par l'impérialisme. Elle est devenue pour des millions de femmes et d'hommes une prison de misère d'où il est de plus en plus difficile de s'échapper.
Comment reprocher à un ouvrier d'aller là où il y a du travail, là où il peut vivre et faire vivre sa famille ? Ce n'est pas seulement une question de solidarité, c'est une question d'intérêts communs.
L'exploitation barbare et criminelle des travailleurs des pays pauvres et les ravages de la finance, du chômage et de la misère dans les pays dits développés sont les deux faces du même système d'exploitation. Nous sommes liés dans un sort commun.
Les centaines de milliers de poings qui frappent à la porte d'Europe sont ceux de nos frères d'exploitation, nous nous devons d'en faire des frères de combat ! Oui à la libre circulation des exploités, oui à la régularisation des sans-papiers, à bas les frontières !
Pour le capital et pour les affaires de la bourgeoisie, il n'y a pas de frontières qui tiennent. Tous les pays riches continuent de mettre la planète en coupe réglée. La domination de l'impérialisme continue à faire des ravages.
Non à la guerre au Mali ! Troupes francaises hors d'Afrique !
La guerre que la France mène au Mali n'est qu'une de ces nombreuses et infâmes guerres impérialistes. (...) Voilà le véritable but de guerre : une guerre tout bonnement à visée impérialiste, dans la continuité des guerres coloniales, une de ces sales guerres destinées à protéger les intérêts du grand capital dans la région.
Il s'agit ici des intérêts de Total qui exploite le pétrole en Mauritanie, où le fer est aussi pillé depuis de longues années, mais surtout des intérêts d'Areva qui exploite l'uranium au Niger voisin, et c'est cette exploitation qui assure la prétendue « indépendance énergétique de la France » ! La France n'a que faire de la liberté et du bien-être de la population malienne, de même qu'elle se moque des pauvres de Côte d'Ivoire, du Sénégal...
(...) Alors oui, Lutte Ouvrière a été dès le début opposée à cette guerre parce que c'est une guerre impérialiste qui est menée comme toutes les guerres coloniales pour piller les ressources d'un pays et pour continuer à maintenir le même ordre injuste : le pillage, l'exploitation par la France et les puissances impérialistes qui maintiennent l'Afrique dans la misère.
Mais nous sommes aussi opposés à cette guerre parce qu'elle sème dans toute la région des bombes à retardement, parce qu'elle risque d'attiser les tensions ethniques, parce qu'elle risque même sur le long terme de renforcer l'intégrisme radical.
(...) Alors non, rien de bon ne peut sortir de cette guerre. Le mal, en Afrique, la France l'a fait et elle continue de le faire. Et, une fois de plus, c'est le Parti socialiste qui apparaît comme l'exécuteur cynique des basses œuvres de l'impérialisme français. Non à la guerre au Mali ! Troupes françaises hors d'Afrique ! (...)