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- Lutte ouvrière n°2336
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Toyota -- Onnaing (Nord) : La production augmente et l'exploitation s'intensifie
D'abord, comme le dit la direction de Toyota, si elle a choisi de délocaliser en France la production de ce modèle plutôt que de la garder au Japon, c'est pour contourner le manque à gagner dû au yen trop élevé par rapport au dollar et au coût de l'énergie en forte augmentation après la catastrophe de Fukushima. Aucune justification donc aux cocoricos entendus !
Ensuite, l'augmentation de la production s'accompagne d'une diminution du nombre de travailleurs et d'une forte augmentation des cadences. L'équipe de nuit a été supprimée, mais les deux équipes de jour voient passer une voiture toutes les 60 secondes au lieu de 90 avant. Pour la plupart des postes, c'est la même charge de travail qu'il y a deux ans, avec huit secondes de moins par voiture : près de 12 % d'augmentation des cadences !
Dans toute l'usine les investissements sont quasi nuls et les réparations ne sont faites que lorsque ça casse ou quand des ouvriers débrayent devant le danger d'effondrement de portiques qui se fissurent. Plusieurs incendies ont éclaté et alors on s'aperçoit que les moyens de lutte sont insuffisants. Des travailleurs ont des malaises, mais les chaînes s'arrêtent à peine. Lors des journées de chaleur fin avril, alors que la climatisation était mise en route dans les bureaux, il a fallu que le ton monte dans les ateliers surchauffés pour que les ventilateurs soient installés et mis en route ! Et tout est à l'avenant.
La presse présentait comme une aubaine pour les ouvriers le temps de travail supplémentaire annoncé en cours de journée (l'overtime) et payé en heures supplémentaires ! Mais ces heures supplémentaires et les samedis travaillés qui amènent à faire des semaines de 45 heures multiplient de façon dramatique les TMS (troubles musculo-squelettiques) qui frappent la plupart des ouvriers pourtant encore jeunes : dos, genoux, coudes, canal carpien, nombreux sont ceux qui doivent subir une ou plusieurs opérations après seulement quelques années de travail. Et tout cela pour des salaires ouvriers qui tournent autour de 1 400 à 1 700 euros par mois, primes et intéressement compris.
Un chroniqueur de France Inter s'est félicité qu'en implantant son usine dans le Nord sinistré, Toyota Onnaing ait bénéficié de larges cadeaux de l'État et n'ait pas eu à gérer les « lourdeurs historiques » qui pèseraient sur les usines de Renault et PSA, autrement dit que les syndicats soient plus faiblement implantés à Toyota... Heureusement, deux grèves de plus de dix jours chacune, en 2009 et 2011, ont montré que les ouvriers de Toyota ne comptaient pas se laisser exploiter sans réagir. De quoi accumuler une expérience afin d'être plus forts la prochaine fois.