Portugal : Nouvelles attaques contre les travailleurs08/05/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/05/une2336.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Portugal : Nouvelles attaques contre les travailleurs

Le Premier ministre portugais, Pedro Passos Coelho, a annoncé vendredi 3 mai une nouvelle série d'attaques contre les travailleurs. Prétextant l'équilibre budgétaire que la Troïka (Union européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) exige de lui, il veut d'ici fin 2014 réaliser 4,8 milliards d'économies supplémentaires aux dépens des fonctionnaires et des retraités.

Les fonctionnaires dans la ligne de mire

30 000 postes de fonctionnaires devraient donc disparaître, sur 700 000. C'est une véritable provocation dans un pays où le chômage, actuellement de 17 % des actifs, devrait atteindre 18,5 % l'an prochain. Passos Coelho compte obtenir ce résultat par des démissions à l'amiable et surtout par une aggravation du système de « mobilité spéciale ». Ce système permet depuis quelques années de mettre sur la touche un fonctionnaire dont le poste disparaît, à la suite de la suppression, de la restructuration ou de la rationalisation de son service.

Dans un premier temps, le salaire était maintenu intégralement pendant deux mois, puis diminué d'un tiers pendant les dix mois suivants, avant d'être diminué de moitié, sans limite autre que la capacité à vivre avec une demi-paye. La santé et l'éducation, d'abord non concernées, ont ensuite rejoint le système, et on a vu des milliers d'enseignants à « horaire zéro », que l'on incitait vivement à se trouver un poste ou à démissionner.

Désormais, la paye entière disparaît du dispositif, qui prend le nom de « système de requalification de d'administration publique ». Sa limite est de dix-huit mois au total : six mois de formation avec 66 % du salaire ; puis six mois avec 50 % ; enfin six mois avec 33 %. Ensuite, plus rien.

Sous prétexte d'égalité, toutes les bonifications de temps pour la retraite dont bénéficiaient certaines catégories de fonctionnaires sont supprimées. La cotisation de complémentaire santé des fonctionnaires, militaires, policiers et gendarmes passe de 1,5 % du salaire à 2,25 %, et passera à 2,50 % en janvier prochain. Et pour tous les fonctionnaires, l'horaire hebdomadaire de travail passe dès cette année de 35 à 40 heures, sans augmentation du salaire.

Haro sur les retraités

L'âge légal de la retraite reste fixé à 65 ans, mais il en faudra 66 pour toucher une pension complète. Ce n'est plus à 55 ans mais à 58 ans que militaires, policiers et gendarmes accéderont à la réserve ou à la préretraite. Par ailleurs, la contribution extraordinaire de solidarité prélevée sur toutes les retraites au-dessus de 1 350 euros, dans le public comme dans le privé, est augmentée d'une nouvelle taxe. Ironie cynique, dans un pays où le produit intérieur brut a reculé de 3,2 % en 2012 et devrait encore perdre 2,3 % cette année : cette contribution diminuera progressivement... en fonction de la croissance économique !

Le gouvernement va aligner les règles de fixation des pensions dans le public et dans le privé, ainsi que les rémunérations du public et du privé. Au nom de l'égalité, tout le monde va donc se retrouver au niveau le plus bas. Idem pour les vacances : les fonctionnaires passent de 25 à 22 jours de congés, comme les travailleurs du privé.

L'ensemble des nouvelles mesures sur les retraites devrait permettre 1,5 milliard d'économies. Le budget de la Sécurité sociale perdra 820 millions, celui de l'éducation 750 millions, ceux de tous les ministères au moins 10 %. Les coupes dans les effectifs des fonctionnaires et les divers prélèvements supplémentaires feront le reste, pour atteindre les 4,8 milliards de baisses des dépenses.

C'est un ensemble de mesures d'austérité sans précédent. Il faut espérer que les travailleurs portugais, qui ont manifesté en masse le 1er mai et le 25 avril, anniversaire de la chute de la dictature en 1974, lui donneront la riposte qu'il mérite.

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