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- Lutte ouvrière n°2336
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Dans les entreprises
Pôle emploi réinvente l'antique livret ouvrier
En mars 2012, une mère de famille, rentrant de congé maternité, apprenait que le garage de Bellerive-sur-Allier, près de Vichy, où elle travaillait, avait un nouveau gérant, que l'ancien patron avait été condamné pour escroquerie, que l'ancienne entreprise avait été mise en liquidation judiciaire, et que tout le personnel avait été licencié. Mais elle n'en avait pas été avertie.
Sans salaire, sans indemnité et sans être officiellement au chômage depuis mars 2012, elle a obtenu des Prud'hommes en janvier 2013 un jugement attestant la liquidation judiciaire et une condamnation de son ancien patron. Seulement, il n'a toujours rien versé et elle ne peut ni toucher d'indemnités de chômage, ni accéder à une formation. Car Pôle emploi ne veut rien savoir du jugement des Prud'hommes : il exige une attestation de son ancien employeur indiquant qu'elle n'est plus employée !
Jusqu'à la fin du XIXe siècle, un ouvrier devait être muni d'un livret visé par ses patrons successifs, sans lequel il ne pouvait trouver de travail. Deux siècles plus tard, Pôle emploi le remet au goût du jour, en accordant plus de valeur à une attestation d'un patron condamné pour escroquerie qu'à un jugement des Prud'hommes !