PSA Aulnay-sous-Bois : Trois mois de grève contre la fermeture et toujours le moral17/04/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/04/une2333.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

PSA Aulnay-sous-Bois : Trois mois de grève contre la fermeture et toujours le moral

Alors que la direction et le gouvernement jouent le pourrissement de la grève, les grévistes de PSA-Aulnay ont multiplié les actions toute la semaine.

Mercredi 10 avril, deux actions ont été organisées : le matin, les grévistes ont envahi tranquillement le siège de Pôle emploi, dans le 20es/sup> arrondissement de Paris, avec un message clair : « On ne veut pas finir ici ! » Au même moment, un comité central d'entreprise se tenait dans les locaux, ce qui a permis aux délégués syndicaux de Pôle emploi d'exprimer en direct leur soutien chaleureux aux travailleurs de PSA. Un délégué CGT de l'agence a par exemple dit aux grévistes - devant le directeur des ressources humaines de Pôle emploi - combien il était important pour les militants de voir des travailleurs « qui s'organisent et qui se battent ».

Les grévistes sont revenus à Paris en fin d'après-midi pour s'inviter à un colloque organisé par la revue Santé et Travail, auquel devait participer le ministre du Travail Michel Sapin. Le ministre s'étant décommandé, les grévistes ont trouvé à sa place Denis Combrexelle, le directeur général du Travail, dont ils avaient déjà perturbé une réunion dans les locaux de la direction générale du Travail, quinze jours auparavant. Particulièrement agacé d'être « dérangé » pour la deuxième fois, le sieur Combrexelle a déroulé ses mensonges habituels devant des grévistes qui n'avaient aucune intention de se laisser embobiner. Visiblement, ce genre de haut fonctionnaire n'a guère l'habitude d'entendre des ouvriers lui parler à deux doigts des moustaches.

Quand les ouvriers lui ont demandé de téléphoner à Sapin pour obtenir un rendez-vous, il a préféré quitté les lieux. Les grévistes ont alors proposé de débattre avec les militants syndicaux, sociologues et autres chercheurs présents dans la salle. Pendant une heure, les échanges sont allés bon train, et plusieurs participants ont chaudement remercié les grévistes, certains demandant même comment les soutenir financièrement.

Jeudi 11 avril, les grévistes d'Aulnay se sont déplacés au tribunal de grande instance de Paris, pour assister à l'audience de la contestation du plan de licenciements déposée par CGT et SUD. Mais, dès leur sortie du métro, ils étaient entourés d'une armada de CRS. Même quand des salariés font appel à la justice, c'est donc Valls qui sort ses flics ! Et il a fallu négocier pour que quelques dizaines de grévistes puissent entrer écouter l'audience. La réponse du tribunal sera le 26 avril.

Action au Conseil national du PS

Samedi 13 avril, les grévistes ont réussi à briser le « black-out » médiatique, en envahissant le Conseil national du Parti socialiste à la Cité des sciences et de l'industrie. Quelques minutes après l'intervention de Jean-Marc Ayrault, ils ont pénétré dans la salle devant toutes les caméras de télévision et devant un parterre de ministres et de députés médusés. Si certains délégués de l'aile dite « de gauche » du PS, ainsi que certains ministres à l'opportunisme particulièrement rapide, comme Benoît Hamon, les ont applaudis, d'autres comme Pierre Moscovici ou Jean-Christophe Cambadélis n'ont pas du tout apprécié cette « irruption de la lutte des classes », comme a dit plus tard l'un d'entre eux, dans leur assemblée.

Les grévistes se sont alors exprimés. Non seulement l'attitude du gouvernement qui laisse PSA licencier sans rien faire a été dénoncée, mais il a été rappelé aux responsables du PS que la politique du gouvernement qui écoeure les travailleurs ouvrait un véritable boulevard au Front national.

Après ce discours, des grévistes ont été brièvement reçus par Harlem Désir qui, au-delà de sa méconnaissance totale du dossier PSA, a lui aussi promis de relayer auprès du ministre du Travail leur exigence de voir nommer un médiateur. Mais comme lui ont dit, face à face, des ouvriers : « Assez de paroles : des actes ! » Quelques heures après cette réunion mouvementée, un délégué du PS a eu dans la presse cette remarque à l'humour amer : « Cela faisait bien longtemps qu'on n'avait pas vu des ouvriers à la direction du PS... »

Les grévistes ont été, à juste titre, fiers d'avoir réussi cette action. Elle a prouvé leur détermination et leur moral, au moment où la direction tentait de les casser en ayant confirmé, la veille, le licenciement de deux grévistes, dont un pour « agression sonore », c'est-à-dire pour avoir... joué du tambour dans les ateliers qui, en temps de production normale, atteignent un niveau de bruit de 120 décibels.

Dès le lundi 15 avril, une manifestation a été organisée dans l'usine avec en tête les quatre grévistes licenciés, pour bien montrer à la direction que le préalable à toute discussion sera la réintégration de leurs camarades.

Toutes les tentatives de la direction pour briser le moral des grévistes n'y font rien. La grève est toujours bien vivante et active, et elle bénéficie toujours du soutien de l'écrasante majorité des ouvriers de l'usine - soutien sans lequel la direction aurait depuis longtemps pu faire repartir la production. Mais à ce jour, au bout de trois mois de grève, quasiment aucune voiture ne sort des chaînes.

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