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- Lutte ouvrière n°2331
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Sofedit-Gestamp (Orne) : Accord de sécurisation des profits, mais pas de l'emploi
Sofedit, équipementier automobile spécialisé dans l'emboutissage à chaud, possède quatre usines en France. Après avoir appartenu à ThyssenKrupp, il a été repris en avril 2011 par le groupe espagnol Gestamp. Ce repreneur avait immédiatement imposé un « accord de compétitivité » prévoyant une « adaptation des effectifs », c'est-à-dire des suppressions d'emplois. Cédant au chantage du patron, tous les syndicats avaient signé cet accord pour ne pas « mettre en péril », selon eux, la reprise de l'usine.
Depuis, à l'usine Sofedit du Theil, dans l'Orne, deux nouveaux accords de compétitivité ont été imposés. Le dernier accord, datant d'octobre 2012, prévoit la polyvalence obligatoire sur deux puis trois postes ; la création d'une banque d'heures de 37 heures par an et par salarié, pour permettre de moduler la production selon l'activité ; la réorganisation des jours de RTT ; la modération salariale de 2014 à 2016... Le contenu de cet accord ressemble beaucoup à ce que le Medef et le gouvernement veulent imposer aujourd'hui dans la loi dite de « sécurisation de l'emploi ».
Or, lors du comité d'entreprise du 19 février, la direction de Sofedit-Gestamp a annoncé 190 licenciements sur le groupe, dont 134 au Theil d'ici la fin de l'année, sur 891 salariés au total. Elle les a justifiés en expliquant qu'elle mettait en oeuvre l'accord signé « unanimement » le 19 avril 2011 sur le principe « d'adaptation des effectifs ». Mais ces licenciements sont annoncés alors qu'il y a déjà eu 310 suppressions d'emplois sur l'ensemble du groupe depuis 2010, dont 85 au Theil, suite à des démissions, à des départs en retraite non remplacés ou à des licenciements pour faute grave. Au final, ce n'est donc pas 190 mais 500 emplois que la direction compte supprimer !
On voit quel marché de dupes représente ce genre d'accord : pour les travailleurs, il se traduit par de gros reculs sur les conditions de travail, sur les salaires, et au bout du compte quand même par des suppressions d'emplois. Pour les patrons en revanche, c'est la sécurisation des profits. En effet le groupe Gestamp a publié des résultats en hausse en 2012, avec un chiffre d'affaires de 5,7 milliards, en augmentation de 17 %.