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- Lutte ouvrière n°2331
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Roumanie : Grève à l'usine Dacia de Mioveni
Mécontents que la direction fasse sciemment traîner la négociation du nouvel accord collectif de travail, l'ancien prenant fin le 6 avril, des ouvriers des secteurs de la tôlerie, des presses, du montage, de la fonderie et de la peinture ont arrêté le travail dans la matinée et ont manifesté dans l'enceinte de l'usine.
S'adressant aux journalistes présents de l'autre côté de la clôture, des grévistes ont exigé que la direction termine les négociations entamées depuis plus d'un mois. Celle-ci prétend que le salaire est bon, mais comme le disait un travailleur, « nous gagnons 2 000 lei (450 euros) en travaillant six jours sur sept. Une fois que nous avons payé toutes nos factures, nos poches restent vides. » Or les prix, le gaz, la nourriture, tout augmente. Mais les grévistes ont également protesté contre la nourriture servie à la cantine de l'entreprise, « pire qu'à la caserne, c'est-à-dire des haricots et du chou ; la viande a disparu du déjeuner ».
Par ailleurs, les grévistes ont dénoncé l'attitude arrogante de la direction qui les fait fouiller à corps à la sortie, fouillant aussi le sac à main des travailleuses. « Nous sommes européens, a dit l'un, les conditions de travail doivent être les mêmes qu'en Europe. » Ce serait bien le moins en effet, même si sur les conditions de travail « en Europe » il y aurait aussi beaucoup à dire !
Cette grève d'une journée et demie, bien qu'elle ait mobilisé près de 3 000 travailleurs, n'a pas eu l'heur de plaire aux dirigeants syndicaux qui, à l'instar de la direction, l'ont déclarée illégale, selon la presse locale, ajoutant que les négociations se dérouleraient selon le calendrier prévu. Pendant ce temps, la direction mentait sur le niveau des salaires dont elle prétend qu'ils se montent à 837 euros brut, somme qu'elle juge importante comparée au « salaire moyen » chez Renault France, selon elle de 2 500 euros. Et, comme par hasard, des bruits menaçants laissent entendre que les salaires des travailleurs de Dacia Maroc seraient encore plus faibles...
Les patrons de Dacia-Renault, lors de ce mouvement, ont perdu plus de 1 500 voitures. Ils pourraient en perdre plus si des hausses de salaire n'interviennent pas le 6 avril, lors du renouvellement de l'accord. Car c'est visiblement ce qu'attendent de pied ferme les travailleurs de l'usine.