Île Maurice : Offensive patronale et réaction ouvrière03/04/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/04/une2331.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Île Maurice : Offensive patronale et réaction ouvrière

Si le gouvernement mauricien n'est visiblement pas pressé de mettre en place des services publics dignes de ce nom, en particulier dans le domaine de la prévention des risques, ce que lui reprochent nombre d'habitants après les inondations du 30 mars qui ont fait onze morts dans la capitale, il est en revanche bien plus empressé quand il s'agit d'édicter les lois favorables aux capitalistes.

Aussi, mardi 26 mars, a été présenté devant l'Assemblée nationale de l'île Maurice un projet d'amendements qui modifierait la législation du travail dans un sens clairement favorable au patronat. Ce projet, que le gouvernement préparait déjà depuis plusieurs mois, vise principalement à remettre en cause le droit de grève et à permettre au patronat de sortir du cadre des conventions collectives, et ainsi d'imposer aux travailleurs des contrats au rabais. Un amendement permettrait notamment à un patron, dans le cas de certains types de contrats de travail, de licencier plus facilement un travailleur qui aurait participé à une grève.

Le ministre du Travail et des Relations industrielles se défend de vouloir mettre en péril le droit de grève, pourtant il continue à expliquer que certains « abusent des grèves pour paralyser le pays ». En fait le gouvernement dirigé par Navin Ramgoolam, leader du Parti travailliste, accède là aux souhaits du patronat mauricien, d'une part, formulés par les deux grandes fédérations patronales, la Mauritius Employers Federation et la Mauritius Sugar Producers Association. La production sucrière représente une grosse part de la production de l'île et des revenus de la bourgeoisie mauricienne. Et, d'autre part, c'est aussi l'exigence de certains grands capitalistes étrangers investissant dans l'île, intéressés à voir baisser le coût de la main-d'oeuvre mauricienne.

Les organisations syndicales de l'île dénoncent ces amendements en passe d'être adoptés et réclament l'abrogation de celui mis en place en 2009 en vue de faciliter les licenciements pour raison économique. Cet amendement aurait déjà permis au patronat de licencier plus de 18 000 travailleurs sans besoin d'autorisation administrative comme c'était le cas auparavant, et en ne leur versant presque plus aucune indemnité. Le préavis de quatre mois en cas de licenciement a été ramené par cette loi à un seul mois.

En décembre dernier, un premier rassemblement de militants syndicaux s'était conclu par l'arrestation de 21 d'entre eux. Depuis, de nombreuses réunions d'information et plusieurs manifestations ont eu lieu, dont une qui s'est tenue le 16 mars et qui a rassemblé environ 5 000 personnes dans la capitale de l'île. Les slogans dénonçaient le nouvel esclavage que promettent les nouvelles lois.

Ces mobilisations traduisent l'exaspération des travailleurs mauriciens contre les nombreuses attaques qu'ils subissent, mais aussi contre les licenciements et les fermetures d'entreprises qui se multiplient, contre la dégradation de leur pouvoir d'achat du fait d'une forte inflation. Celle-ci a porté les prix de nombreux produits de base à des niveaux proches des prix occidentaux, alors que les salaires sont de cinq à dix fois inférieurs.

Partager