Baisse du budget de la Défense ? Quelques cris d'effroi et le gouvernement recule03/04/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/04/une2331.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Baisse du budget de la Défense ? Quelques cris d'effroi et le gouvernement recule

Il a suffi que le gouvernement évoque une possible réduction du budget de la Défense en 2014 pour qu'aussitôt des clameurs se fassent entendre, venant de militaires bien sûr, mais aussi de parlementaires de tout bord, PS comme UMP, et d'industriels liés au secteur de l'armement. Il n'en a pas fallu plus pour que Hollande fasse aussitôt machine arrière et, dans son allocution télévisée du 28 mars, assure que le budget militaire restera au même niveau l'an prochain.

Aux économies déjà prévues dans la loi de programmation militaire couvrant la période de 2009 à 2014, Bercy voulait encore enlever 1,1 milliard, faisant passer le budget de la Défense à 29 milliards. Tous ces cris et le concert de cocoricos nationalistes sont alors allés jusqu'au ridicule. « Jeu de massacre », « risque mortel », se sont écriés les défenseurs de l'armée. Et les élus PS d'en rajouter une couche bien épaisse : « La patrie est en danger », a déclaré un sénateur rapporteur de la commission Défense, rejoint par sa collègue de l'Assemblée nationale disant que « le scénario de Bercy visait à tuer le ministère de la Défense ». Pensez donc, outre de nouvelles suppressions d'emplois, comme celles qui ont affecté tous les services publics utiles à la population sans qu'ils s'en soient indignés, il avait même été évoqué la vente du porte-avions Charles-de-Gaulle !

Les industriels liés à l'armement (Thales, Dassault, Safran, EADS, etc.) ont de leur côté émis des protestations, au nom de l'utilité économique et sociale qu'ils auraient dans le pays. À les en croire, leur production permet les grandes avancées technologiques de notre époque. C'est en partie vrai mais, s'il faut produire des armes capables d'anéantir des populations entières pour arriver à quelques progrès techniques, il y a de quoi s'interroger sur la société et sur les responsables de l'industrie !

La vente d'armes et d'engins militaires rapporterait aussi des devises à la France (si l'on excepte le Rafale que Dassault n'a réussi à vendre qu'à l'État français !). Et, argument commun à tous les patrons, toucher aux crédits de l'armement risquerait de mettre l'emploi en péril. Sept PDG avaient même demandé un rendez-vous à Hollande pour lui dire de ne pas baisser le budget de la Défense. Ils n'ont pas eu besoin de se déplacer, Hollande s'étant empressé d'aller au-devant de leurs désirs.

Pourtant, s'il y a un poste qui est aussi budgétivore qu'inutile, c'est bien celui de la Défense. Aucun pays ne projette pour l'instant d'envahir la France et, quand cela s'est fait, en juin 1940, l'armée s'est effondrée en trois semaines ! Elle n'a ensuite servi qu'à mener des guerres coloniales pour maintenir des peuples sous la domination de l'impérialisme français, en Indochine puis en Algérie, guerres qu'elle a perdues. Et ces vingt dernières années, soit l'armée française s'est jointe aux forces de l'Otan - c'est-à-dire des États-Unis - lors de la première guerre d'Irak ou en Afghanistan, afin de bien marquer sa présence dans le camp impérialiste ; soit elle est intervenue en Afrique dans le cadre des « opérations extérieures » pour défendre des dictatures ébranlées ou y instaurer des régimes qui, dans les deux cas, étaient garants des intérêts économiques de grands groupes français comme Areva, Bolloré et bien d'autres.

Qu'il s'agisse de 29 ou de 30 milliards d'euros, c'est de toute façon de l'argent dépensé en pure perte par l'État, alors que cette somme pourrait servir à améliorer les conditions de vie de la population, et y compris pour payer les travailleurs de cette industrie à construire des choses autrement plus utiles.

Partager