C'est d'autant plus insuffisant que 1 800 emplois (1 500 en CDD et 300 en CDI) avaient été supprimés dans la période récente. La création de deux mille emplois, annoncés en CDI, ne fait donc que rétablir une situation antérieure qui ne permettait déjà pas de faire face.

Pôle emploi est le fruit de la fusion de l'ANPE, l'organisme qui auparavant accueillait les chômeurs et recherchait des emplois, avec les Assedic, qui de leur côté versaient les allocations aux chômeurs. Cette fusion a été lancée au moment même où la crise de 2008 amenait de nombreux chômeurs vers cet organisme.

Avec cette fusion, qui avait pour objectif de réduire le nombre d'employés, les pouvoirs publics souhaitaient remplacer deux employés spécialisés chacun dans deux tâches spécifiques par un seul employé multifonctions. Sur le papier c'était parfait. En pratique, là où les chômeurs rencontraient autrefois deux employés aux activités bien définies, ils ne rencontrent plus maintenant qu'un seul interlocuteur qui n'a pas toujours intégré les tâches qui n'étaient pas sa spécialité dans l'ancien système, ce qui a engendré quantité d'erreurs dont les dirigeants de Pôle emploi ne veulent pas entendre parler.

Par ailleurs, les employés de Pôle emploi ont tant de dossiers de chômeurs à gérer qu'ils n'arrivent pas à les suivre individuellement, ce qui fait qu'en pratique les chômeurs n'ont parfois aucun interlocuteur, si ce n'est des services internet ou des plateformes téléphoniques. Cette situation, qui exaspère les chômeurs, est critiquée par les employés du Pôle, car elle sert de prétexte à la direction pour réduire le nombre des employés présents dans les agences.

La situation est si tendue qu'elle conduit à des drames des deux côtés du comptoir. On a vu ainsi un chômeur désespéré s'immoler à Nantes il y a un mois, mais aussi des employés du Pôle se suicider, comme à La Poste ou à France Télécom.

Les employés du Pôle dénoncent aussi les tâches de contrôles que leur direction veut leur imposer, qui entraînent la radiation, chaque mois, de plus de 40 000 chômeurs. Ils dénoncent le fait que seulement 40 % des chômeurs sont indemnisés, ainsi que la politique qui consiste à exiger le remboursement d'allocations indûes, qui découlent de l'alternance de périodes de travail et de périodes de chômage. Ces sommes sont impossibles à rembourser par les chômeurs en fin de droits dont les allocations ne représentent que la moitié du montant actuel du seuil de pauvreté.

C'est dire que la création de deux mille emplois ne peut suffire à satisfaire ni les besoins des chômeurs, ni ceux des employés du Pôle.