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- Lutte ouvrière n°2329
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Dans les entreprises
PSA Aulnay-sous-Bois : Le bras de fer continue
Celle-ci avait convoqué un comité central d'entreprise extraordinaire pour le lundi 18 mars. À l'ordre du jour était inscrit le vote sur le projet d'accord de la direction concernant la fermeture de l'usine d'Aulnay et les 1 400 licenciements à Rennes. Ce vote n'avait aucune valeur juridique car les procédures légales ne sont pas terminées et la direction ne peut en aucun cas lancer son plan avant la fin avril. Mais elle voulait quand même obtenir le soutien des élus du CCE - qui pour l'essentiel lui sont acquis et ne représentent pas les travailleurs d'Aulnay -, pour tenter de faire la démonstration que la CGT et donc les grévistes seraient isolés.
Les travailleurs d'Aulnay l'ont bien compris et ont répondu à ce simulacre. Lundi 11 mars, des ouvriers du Ferrage décidèrent de lancer une pétition et de la faire signer à tous les salariés, y compris les non-grévistes, pour bien montrer à quel point les travailleurs étaient majoritairement contre ce projet d'accord. En moins de deux jours, la pétition fut signée par 1 000 ouvriers, soit la grande majorité des travailleurs présents.
En même temps, le comité de grève avait décidé d'interpeller l'ensemble des syndicats des usines PSA, pour leur demander de refuser d'entériner un accord que les travailleurs eux-mêmes, les premiers concernés, rejettent.
Lundi 18 mars, les grévistes se sont rendus au siège de PSA pour manifester pendant le CCE. Rejoints par des délégations de Saint-Ouen, Poissy, Metz et des licenciés de Melun, ils se sont fait entendre de la direction. Lorsque les grévistes firent brûler des pneus sur l'avenue, les CRS ont voulu les repousser. Mais ils se sont retrouvés face à un service d'ordre organisé, déterminé à ne pas reculer et imperméable à la provocation. Ce sont donc les CRS qui ont reculé les premiers.
Pendant ce temps, le CCE extraordinaire ne se déroulait pas selon le scénario voulu par la direction. Sur les 20 élus, les deux représentants de la CGT votèrent contre, mais les trois élus de la CFDT, contrairement aux directives de leur délégué central, ne votèrent pas le projet de PSA (deux contre et une abstention). La direction de PSA n'a donc pas pu mener son simulacre jusqu'au bout.
La direction de PSA a cherché à briser la grève en menaçant de licenciements neuf travailleurs. Deux d'entre eux ont déjà dénoncé leur licenciement devant les Prud'hommes. Le licenciement d'un troisième travailleur, délégué du personnel, soumis à l'inspectrice du travail a été refusé. Et enfin, la semaine dernière, le licenciement d'un travailleur accusé d'un jet d'oeuf se transformait en un jour de mise à pied. La direction a reculé sur ce cas et les grévistes ont bien enregistré ce fait.
Le gouvernement fait le sale boulot
En revanche, des convocations à la sûreté territoriale sont encore tombées. Non content de soutenir ouvertement la politique de licenciements de PSA, le gouvernement s'occupe aussi directement de réprimer les militants de la grève.
Mardi 19 mars, les grévistes d'Aulnay ont décidé d'aller interpeller Montebourg. Celui-ci voulait inaugurer un « train de l'innovation et de l'industrie » à la gare de Lyon à Paris. Il s'agit d'un train qui s'arrêtera dans diverses villes, avec à son bord des représentants d'entreprises auprès desquels des chômeurs pourront venir se présenter. Mais Montebourg s'est réfugié dans un restaurant de la gare, refusant résolument de rencontrer les travailleurs en lutte, et surtout de les rencontrer en présence de la presse. Il veut bien mentir et faire des promesses qu'il ne tiendra pas, mais hors caméra !
Au bout de neuf semaines de grève et après vingt et un mois de lutte, les travailleurs n'ont pas épuisé leur détermination ni leur combativité. Le rapport de force créé par la grève n'a pas encore fait reculer PSA, soutenu par l'ensemble du patronat et le gouvernement. Mais les travailleurs d'Aulnay, en combattant ceux qui veulent les jeter dehors, défendent leur dignité. Grâce à cette lutte, beaucoup de travailleurs se sentent renforcés au moins moralement face aux attaques du patronat.