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- Lutte ouvrière n°2329
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Leur société
Chômeurs : Un harcèlement sans frein
Les associations demandaient notamment que soit abrogée l'obligation d'accepter une « offre raisonnable d'emploi », ainsi qu'un moratoire sur les remboursements des trop-perçus que Pôle emploi réclame aux chômeurs indemnisés quand, par exemple, ils ont effectué un petit boulot durant un certain temps.
Lorsque, le 13 février, un chômeur nantais de 43 ans s'était immolé devant une agence de Pôle emploi, il venait d'apprendre qu'il ne pourrait pas bénéficier de l'allocation chômage étant donné qu'il avait travaillé brièvement en intérim, deux mois auparavant, sans le déclarer. Pôle emploi lui avait aussi signifié qu'il devait rembourser une partie de l'allocation qu'il avait reçue. Cette « double peine » prévue par la règlementation est dénoncée par les syndicats de Pôle emploi. Le gouvernement, qui s'était prétendu ému à la suite du suicide, n'en a visiblement rien à faire. Il s'est contenté de donner aux organisations de chômeurs un autre rendez-vous en juillet. Leur demande d'un moratoire qui permettrait aux chômeurs d'être dispensés, au moins temporairement, d'avoir à restituer l'argent quand Pôle emploi leur en fait la réclamation, est restée jusqu'à présent sans réponse.
Ces demandes de restitution sont, dans 80 % des cas, liées à des périodes de travail non déclarées ou déclarées trop tard. Rien d'étonnant donc à ce qu'elles se multiplient avec la montée du travail précaire, des « petits boulots » et des contrats à temps partiel. C'est devenu tellement banal que les chômeurs sont parfois informés par SMS de l'existence de ces très, très petits boulots. Le seul souci de l'État est que les chômeurs ne profitent pas de leur situation. Et la direction de Pôle emploi s'est engagée dans un « plan d'action pour l'amélioration du taux de recouvrement des indus », avec pour « cible » 68 % de dettes soldées. Un « guide », diffusé en février, vise à « développer une culture autour des enjeux du recouvrement des indus ». Harceler des personnes dont un grand nombre n'ont que quelques centaines d'euros par mois pour vivre ne pose pas de problème, ni au gouvernement ni aux hauts fonctionnaires, tandis que prendre des mesures coercitives pour interdire les licenciements, de façon à mettre fin à la précarité des emplois, il n'en est pas question pour ces gens-là.