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- Lutte ouvrière n°2328
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Dans les entreprises
Renault : Accord unanime... contre les salariés
Mardi 12 mars, le comité central d'entreprise de Renault devait finaliser l'accord pompeusement intitulé par la direction « contrat pour une nouvelle dynamique de croissance et de développement social de Renault en France ». Les signatures des syndicats, sauf celle de la CGT, lui sont déjà acquises, CFE-CGC, FO et CFDT ayant décidé de parapher un texte qui entérine une dégradation des salaires et des milliers de suppressions de postes.
Le texte lui-même est, sans doute volontairement, suffisamment opaque pour qu'on ait du mal à s'y repérer. Quelques points sont cependant assez explicites : la diminution des effectifs par la suppression de 8 260 emplois, le gel des salaires dès 2013, une remise en cause des horaires de travail par la direction et la disparition d'un certain nombre de jours de congés, enfin la mobilité entre les différents sites. Ceux-ci sont regroupés en deux pôles : un pôle nord-ouest, du Nord à la Meurthe-et-Moselle, et un pôle Vallée de la Seine, qui va du Havre au Val-d'Oise en passant par la Sarthe !
Par rapport au premier projet, Renault a supprimé le caractère obligatoire de la mobilité, reculant principalement devant les réactions des travailleurs. Mais la portée de ce recul risque d'être assez limitée : les difficultés à boucler son budget, les traites à payer seront sûrement aussi contraignantes qu'un article de l'accord pour obliger des travailleurs d'un site où l'activité se réduit à accepter une mutation plus ou moins longue et plus ou moins lointaine.
Le blocage des salaires va encore diminuer le niveau de vie des travailleurs. La direction n'envisage guère mieux pour la suite : en interne, elle a déjà prévu 0,5 % d'augmentation en 2014 et 0,75 % en 2015 ; et encore, elle peut très bien arguer de la conjoncture pour faire pire ! Quant à la promesse de ne pas fermer de site, que vaudra-t-elle après 2016... à supposer qu'elle tienne jusque-là ?
Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, a vu là un accord « d'une portée considérable », un « échange de concessions réciproques » ! Emboîtant le pas à la CFE-CGC, le secrétaire fédéral de FO Renault estime qu'il y a là une « garantie d'avenir ». Certes, FO a refusé un accord similaire au niveau national, mais Jean-Claude Mailly, secrétaire général de la confédération, voit dans ce contrat Renault une garantie du maintien de la production, évitant des licenciements et limitant le gel des salaires. Quant à la CFDT, elle estime qu'on permettra ainsi à « l'outil industriel français de concurrencer des usines comme en Espagne ou en Grande-Bretagne ».
Voilà une belle unanimité dans le soutien aux patrons car, si « contrat de croissance » il y a, c'est de la croissance des profits qu'il s'agit. Les travailleurs, en débrayant nombreux depuis décembre contre le projet d'accord, souvent à l'appel de la seule CGT, ont largement montré le mal qu'ils en pensent.