Mali : Deux mois après le début de l'intervention, la population subit les conséquences06/03/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/03/une2327.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mali : Deux mois après le début de l'intervention, la population subit les conséquences

Deux mois après le début de l'intervention française au Mali, il est clair que la reprise des villes qui étaient occupées par les groupes armés intégristes, Gao, Tombouctou ou Kidal, n'a pas mis fin à la guerre. Selon les informations distillées par l'armée, les combats se concentrent aujourd'hui dans le massif des Ifoghas, où deux chefs d'al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) auraient été tués. Un millier de soldats français et 800 tchadiens y pourchassent « quelques centaines de combattants tout au plus », aux dires du chef d'état-major des armées.

Mais le reste du pays n'est pas pour autant pacifié. À Gao, où les troupes françaises sont entrées il y a un mois, les alentours de la ville servent toujours de refuge à des combattants intégristes, qui ont lancé récemment des actions de commando sur la ville. Les soldats maliens et français entreprennent maintenant de les dénicher dans les villages, avec tout ce que cela comporte de risques d'arbitraire pour les populations dont le seul tort est d'être touareg ou arabes. Ainsi à Kadji, dont les habitants sont soupçonnés d'avoir aidé puis caché les intégristes, une cinquantaine de personnes ont été emmenées à la gendarmerie de Gao. Aucun combattant ni aucune arme n'avaient pourtant été découverts. L'armée malienne fait également état de 52 combattants tués à une soixantaine de kilomètres de Gao, sans que l'on puisse savoir de qui il s'agit précisément, les journalistes étant interdits de séjour.

Le peu de confiance que l'état-major français accorde aux troupes maliennes apparaît d'ailleurs dans le fait qu'il leur interdit purement et simplement de pénétrer dans les régions où la population est majoritairement touareg. À Kidal, c'est aux indépendantistes touareg du MNLA que les troupes françaises laissent le soin de contrôler la ville, alors qu'il y a peu ce mouvement était l'allié d'AQMI. À Gao et à Tombouctou, villes dirigées par l'armée malienne, les Touaregs et les Arabes vivent dans un climat d'inquiétude. Leurs boutiques, qui ont été pillées, restent fermées. Les villageois craignent les représailles. Une partie se sont enfuis et ne semblent nullement pressés de revenir, préférant l'exil dans les pays limitrophes. Ce fossé qui se creuse entre les différents peuples est lourd de menaces pour l'avenir.

Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères, disait au début février que les troupes françaises commenceraient à quitter le Mali en mars. Son porte-parole vient de remettre cette échéance en question et de déclarer qu'« il n'y aurait pas de retrait précipité » et que « tout dépendra de la situation sur le terrain ». La population du Nord est sans doute soulagée dans l'immédiatdu départ des islamistes. Mais on peut être certain que l'intervention française laissera derrière elle une poudrière, dont toutes les composantes de la population malienne risquent de faire les frais.

Partager