Avant cette mesure extrême, il existe un barème de sanctions déjà très lourdes pour les fautes de sécurité ferroviaire. Mais, sous prétexte que notre camarade était en période d'essai, il a été renvoyé de la conduite à son ancien poste d'agent de station.

Dès que la direction a senti qu'un mouvement de solidarité s'organisait autour de lui, elle s'est précipitée pour le muter sur une autre ligne, afin de l'isoler. À partir de ce moment, elle a mis tout en oeuvre pour empêcher la grève, orchestrant même une véritable campagne de dénigrement contre notre camarade.

Contre la grève, jusqu'au dernier moment, elle a tenté l'intimidation et le chantage de toute sorte. Mais cela n'a eu pour effet que de mettre de l'huile sur le feu.

Ainsi le 12 février on a vu débarquer le directeur en personne, à 5 heures du matin au terminus, pour réorganiser le travail au mieux.

Même si pour les voyageurs la grève est passée inaperçue, la direction a dû faire venir des conducteurs d'autres lignes en renfort, le préavis de grève étant local et ne concernant que la ligne 13, tant les grévistes étaient nombreux.

La grève n'a pas réussi à faire revenir ce camarade à la conduite, mais pour les travailleurs de la ligne il s'agissait aussi de leur dignité. Ils ont exprimé leur ras-le-bol des conditions de travail difficiles de la ligne et de l'arrogance d'une direction qui se croit tout permis. La grève les a regonflés et soudés, et certains voudraient donner une suite au mouvement.