Lors de sa visite, Hollande a gratifié ses interlocuteurs indiens de quelques formules qui ont dû faire sourire même le plus endurci des politiciens locaux. Bonimenteur, il a qualifié l'Inde de « terre d'ascension sociale » quand des centaines de millions d'hommes et de femmes vivent dans la misère la plus féroce sans espoir d'en sortir jamais.

Il a usé de l'habituel cliché de « la plus grande démocratie du monde » alors que, comme partout, les riches dominent sans partage et usent, comme dans tous les pays pauvres, de la violence ouverte pour maintenir leur ordre. Les manifestations et les grèves sont souvent réprimées violemment, des régions entières vivent une guerre civile larvée. Le système des castes est toujours vivace et l'actualité vient de montrer dans quel mépris sont tenues les femmes, puisqu'il a fallu des manifestations pour que le gouvernement daigne se prononcer contre les viols.

Pour couronner le tout, Hollande a parlé de « l'exemple de tolérance, de liberté, de laïcité » que l'Inde donnerait au monde, « permettant la coexistence religieuse », alors que des émeutes entre tenants de diverses religions font régulièrement des morts par dizaines. Alors surtout que des politiciens sans scrupules utilisent les sentiments religieux pour asseoir leur pouvoir en dressant divers secteurs de la population les uns contre les autres.

L'Inde que le président français a décrite est celle des siens : les bourgeois, les gens qui ont les moyens de constituer un marché pour les exportateurs occidentaux parce qu'ils maintiennent l'écrasante majorité de la population dans l'oppression et la pauvreté.