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- Lutte ouvrière n°2323
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Non à l'intervention française au Mali ! Les responsabilités de l'impérialisme français
La presse - dans la mesure où l'armée lui en laisse la possibilité - témoigne d'exactions, commises par les soldats maliens quand ils pénètrent dans les villes du nord, contre des habitants qui ont le tort d'avoir une barbe un peu trop longue ou la peau trop blanche et soupçonnés pour cela de complicité ou de sympathie avec les « terroristes ».
Les oppositions entre le Nord et le Sud, ne sont certes pas nouvelles. Dans le passé, à trois reprises depuis l'indépendance, qui a eu lieu en 1960, cette opposition s'est traduite par des mouvements de rébellion touareg, durement réprimés.
La dernière rébellion a abouti à une quasi-sécession des régions du nord, passées dans un second temps sous le contrôle de milices islamistes radicales. Jusque-là, le Mali échappait dans une large mesure à la violence interethnique, qu'aurait pu attiser la propagande ultranationaliste du pouvoir. Une situation d'équilibre précaire, sans nul doute due à la faiblesse du pouvoir de Bamako.
L'intervention française, qui se donne pour objectif de renforcer, si ce n'est reconstruire, le pouvoir d'État de Bamako et placer la totalité du pays sous son autorité, risque par là même d'exacerber les oppositions, voire les violences interethniques. Mais n'est-ce pas là une constante dans la politique du colonialisme et de l'impérialisme français.
De 1883, date à laquelle le Mali devint une colonie française sous le nom de Soudan français, jusqu'à l'indépendance, le pays a connu de multiples découpages, redécoupages de frontières, changements de nom, regroupements de populations, au gré des intérêts de l'impérialisme et au mépris des aspirations de celles-ci.
Avant le découpage artificiel de la région par les anciens colonisateurs au moment de l'indépendance, le territoire des populations touareg correspondait au désert saharien, de la Mauritanie au Niger actuels, en passant par l'Algérie, la Libye et le Maroc.
À la veille de l'indépendance, en janvier 1957, le gouvernement français projeta de regrouper les parties sahariennes de l'Algérie (alors française), de la Mauritanie, du Mali, du Niger et du Tchad, dans le cadre d'une Organisation commune des régions sahariennes (OCRS), instituant de fait ce qui pouvait ressembler à un État Touareg, encadré par l'État colonial. En fait, il s'agissait, non de faire droit aux aspirations des populations du désert, mais de préparer le maintien du contrôle de la France sur le Sahara et sur ses richesses, notamment pétrolières, qui commençaient à être connues. Le projet finalement tourna court. Les populations touareg se trouvèrent donc réparties entre des pays dont les frontières étaient dessinées par les anciens colonisateurs.
Au Mali, l'administration et l'armée malienne, dont les membres étaient originaires des populations des régions du sud, prirent la place des administrateurs et des militaires français au nord comme au sud, traitant les Touareg comme des citoyens de seconde zone. Depuis, ces derniers s'opposent au pouvoir central de Bamako et revendiquent l'indépendance des trois régions du nord (Tombouctou, Gao et Kidal).
Cette situation, en fait, a été créée et entretenue jusqu'à aujourd'hui par l'impérialisme français. C'est elle qui lui permet aujourd'hui de justifier sa présence militaire, et de continuer à jouer les gendarmes au service des intérêts des trusts français. L'intervention des troupes françaises, qui livrent les villes reconquises à ce qui reste de l'armée malienne, ne peut qu'approfondir encore le fossé entre les populations du nord et celles du sud.