Bangladesh : Incendie meurtrier dans un atelier textile – Hypocrisie des grands groupes occidentaux06/02/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/02/une2323.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Bangladesh : Incendie meurtrier dans un atelier textile – Hypocrisie des grands groupes occidentaux

Après l'incendie d'un atelier de confection textile il y a deux mois à Dacca, faisant 112 victimes, sept ouvrières au moins ont péri fin janvier dans un nouvel incendie, l'issue de secours ayant été bloquée. Elles avaient entre 16 et 18 ans. Depuis 2005, plus de 600 travailleurs du Bangladesh sont morts dans des circonstances similaires.

Les usines de confection sont la principale activité économique du pays et fournissent 80 % des exportations. Elles demandent peu d'investissements et bénéficient d'une main-d'oeuvre abondante, majoritairement féminine. En effet, depuis le début des années soixante-dix, elles ont attiré les femmes veuves ou divorcées qui, dans ce pays aux traditions musulmanes, n'avaient plus de quoi vivre, ainsi que les jeunes filles pauvres des campagnes, pour qui être salariées représentait un moyen de s'émanciper. Mais toutes paient cher cette émancipation, par des salaires misérables (environ 30 euros mensuels), des horaires de travail pouvant aller jusqu'à soixante-douze heures hebdomadaires, bien souvent sans jour de repos, et, entassées dans des bâtiments vétustes et surpeuplés, elles la paient aussi trop souvent de leur vie.

Comme en Chine ou au Vietnam, les 4 000 usines ou ateliers de confection du pays travaillent pour de grands groupes étrangers, Walmart, Ikea, Zara, Casino, etc., et chaque fois qu'un tel drame se produit, on les entend s'élever contre les conditions de travail indignes et criminelles imposées aux travailleurs du textile bangladais. Certains de ces groupes ont même adopté un « code de bonne conduite », déclarant qu'ils n'accepteraient de travailler qu'avec des entreprises respectant des conditions de travail et de sécurité correctes, et ils envoient des inspecteurs pratiquer des audits.

Mais, dans un pays où la corruption à tous les niveaux règne en maître, tout cela n'est qu'une vaste hypocrisie. Les dates de visite sont la plupart du temps connues et, ainsi que le relate une ouvrière, « lorsqu'un acheteur arrive, on doit mentir sur les salaires, sur l'âge et, une fois qu'il est reparti, on nous enlève la bouteille d'eau qui nous avait été fournie pour l'occasion ». En outre, derrière chaque fabricant avec lequel les entreprises occidentales passent des commandes, se trouve une cascade de sous-traitants sur lesquels elles n'ont aucun contrôle, quand bien même elles le souhaiteraient.

Et c'est la même hypocrisie de la part des hommes politiques occidentaux. Comme l'a dit un représentant d'un organisme de l'Union européenne au nom de sa bonne conscience, « si vous voulez changer les choses, il faut ne pas perdre de vue les personnes qui pourraient en être affectées et pourraient perdre leur emploi ».

Pour changer leur sort, les travailleurs bangladais ne peuvent pas compter sur ces bonnes âmes vertueuses qui, au contraire, font leur fortune sur les productions à bas coût, avec tout ce que cela induit dans l'exploitation de la classe ouvrière. Régulièrement, des manifestations de colère et des grèves éclatent parmi les ouvriers du textile, pour réclamer de meilleurs salaires, des horaires de travail humains, des droits syndicaux et la sécurité des locaux afin que cessent de tels drames.

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