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Dans les entreprises
À Renault Flins : Contre les attaques de la direction, débrayage massif
À l'usine Renault de Flins, le jeudi 10 janvier, plus de 800 travailleurs se sont rassemblés durant les deux heures de débrayage organisées dans chaque équipe de jour ainsi que dans celle de nuit. Auparavant, le 12 décembre, un précédent débrayage avait connu déjà presque autant de succès. La trêve des confiseurs n'aura donc pas éteint le mécontentement des travailleurs, au contraire.
Dans plusieurs secteurs de l'usine, le travail venait à peine de reprendre après la pause des fêtes. Mais le débrayage, à l'appel cette fois de la seule CGT -- ce qui n'a pas empêché des militants d'autres organisations syndicales de s'y joindre --, était visiblement déjà programmé dans les têtes. Plusieurs centaines de présents aux rassemblements avec prise de parole, y compris des travailleurs de la qualité, de la maintenance et d'autres services, cela a été ressenti par tous comme une réussite, et il suffisait de voir la tête des différents responsables de l'usine pour s'en rendre compte.
La direction de Renault, imperturbablement, poursuit son projet d'accord dit de compétitivité, qu'elle voudrait voir signé dans les semaines à venir par les organisations syndicales. Le 9 janvier, veille du débrayage, les directions syndicales rencontraient pour la cinquième fois les patrons de Renault à ce sujet.
Le projet de Renault, sous prétexte de compétitivité, est une attaque d'envergure contre les salariés. Principalement, la direction voudrait rendre obligatoire la mobilité intersites et les obliger à aller travailler, selon son bon vouloir, dans d'autres usines du groupe. Elle voudrait également rallonger le temps de travail, qui passerait à 1 603 heures... pour le même salaire, ce qui équivaudrait à treize jours de travail gratuit par an ! Il serait question aussi pour les patrons de remettre la main sur des journées de RTT ou de formation, utilisées auparavant par les travailleurs pour se constituer des congés.
La direction, dans une véritable provocation, a annoncé une remise à plat d'une bonne partie des heures travaillées et capitalisées dans différents compteurs de temps, changement que beaucoup ressentent comme un vol pur et simple. En effet des milliers de travailleurs, chez Renault, possèdent des compteurs individuels bien remplis, représentant de 50 à 200 jours de congés à prendre ! Autre aspect de la politique de réduction des salaires : Renault voudrait ne plus payer les heures supplémentaires qu'à 10 % et non à 25 % comme auparavant.
La mesure la plus énorme reste celle annoncée dès le départ des « négociations » : organiser les usines de production du groupe en deux pôles géographiques au sein desquels les salariés devraient se déplacer, au bon vouloir de la direction, pendant des périodes de plusieurs mois, jusqu'à 150 kilomètres de leur usine, avec pour tout dédommagement une prime d'un demi-mois de salaire brut tous les semestres.
Ces attaques sont réalisées sous le prétexte de ramener le coût de cinq sites à celui de deux, en tentant de n'en fermer aucun... pendant la durée de l'accord, soit trois ou quatre ans. Effectivement, les patrons n'auraient, avec ce système, même pas besoin de fermer de site, il leur suffirait d'envoyer les salariés ailleurs et, comme le dit un travailleur de Flins, « de fermer la lumière en partant ».
Alors que la direction espère boucler son plan courant février, de nombreuses discussions ont lieu entre travailleurs. Pourquoi faudrait-il travailler plus alors qu'on leur dit tous les jours que les voitures ne se vendent pas ? Pourquoi faudrait-il aller travailler à 100, 150 kilomètres de chez soi ou plus, alors qu'à Flins on peut fabriquer des voitures ? Pourquoi faudrait-il travailler plus, alors que Renault engrange des profits records depuis des années ?
Autant de questions qui traduisent l'inquiétude et le mécontentement. En débrayant massivement, les travailleurs de Flins ont montré à la direction qu'ils ne sont pas prêts à laisser passer cette attaque.