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- Lutte ouvrière n°2319
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Dans les entreprises
Air France : Le PDG sabreur d'emplois félicité par le ministre « socialiste »
Présentant, le 7 janvier, la nouvelle politique commerciale du groupe aérien Air France-KLM, son PDG, Juniac, avait le sourire. Quelques jours plus tôt, il venait de se voir décerner le trophée du meilleur manager pour 2012 par la revue Le Nouvel économiste. Mieux, si l'on peut dire, c'est le ministre de l'Économie en personne, Moscovici, qui lui avait remis ce prix en félicitant ce PDG massacreur d'emplois.
Rappelons que ce monsieur fut propulsé à la tête d'Air France-KLM sur les instances du gouvernement Sarkozy fin 2011, et qu'il avait presque aussitôt annoncé vouloir s'en prendre aux salariés de la compagnie.
Comment ? En supprimant plus de 10 % des emplois à Air France (5 121 sur 49 000) et en privant le personnel au sol de onze jours de RTT. Il voulait aussi imposer une hausse de la productivité de 20 %, bref, intensifier l'exploitation, ainsi que geler salaires et embauches, mais sans toucher à l'écart de salaire de 1 à 40 -- et encore, hors stock-options -- entre les soutiers de la compagnie et ses cadres dirigeants. Il annonçait également une modification du système d'avancement, qui se traduirait par le vol d'une quinzaine de milliers d'euros en moyenne sur la carrière d'un technicien d'atelier, et un accroissement de la flexibilité et de la précarité au travail.
Pour couronner le tout, il faisait du chantage sur le mode : c'est à prendre ou à laisser, mais alors il y aura des licenciements secs.
Dans son laïus lors de la remise du prix, Moscovici a déclaré apprécier la méthode Juniac, à l'en croire « fondée sur le dialogue, sur l'idée qu'il faut aller vite et sur la notion de justice ».
Qu'un ministre « socialiste » se moque avec un tel mépris des salariés qu'attaque un PDG, qui plus est marqué à droite -- car Juniac a été chef de cabinet adjoint de Sarkozy aux Finances, puis chef de cabinet de Lagarde, ministre de l'Économie de Sarkozy --, voilà qui vérifie l'adage « qui se ressemble s'assemble ». Car dans le monde des gouvernants et des dirigeants de grandes entreprises, l'important n'est pas de se dire de gauche ou de droite, mais d'afficher sa solidarité de classe contre les travailleurs.