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- Lutte ouvrière n°2316
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Dans les entreprises
Michelin Gravanches Clermont-Ferrand : En grève contre une perte de salaire
Prétextant un changement de calcul de l'Urssaf, Michelin vient d'annoncer que, dorénavant, les pneus dont les travailleurs pouvaient équiper leurs voitures pour un forfait de 19 euros seraient taxés à 25 %. Ceci étant applicable rétroactivement à partir du 1er janvier 2012, la paye de décembre sera amputée, la somme pouvant représenter plusieurs centaines d'euros.
Devant l'indignation créée par cette annonce, la CGT a fait circuler une pétition dans toutes les usines de Clermont-Ferrand. Aux Gravanches, la pétition a été largement signée et, comme dans les autres usines, une cinquantaine de travailleurs sont allés la porter jeudi 13 décembre à la réunion des délégués du personnel, où se trouvaient des représentants de la direction.
Plusieurs ont exprimé leur colère, comme cette camarade expliquant qu'embauchée il y a six mois, on lui avait présenté la gratuité des pneus comme une raison supplémentaire de signer chez Michelin. Aujourd'hui, on voudrait baisser son salaire de décembre à 900 euros : comment allait-elle payer son loyer ?
Devant l'attitude méprisante des représentants de la direction, les travailleurs ont décidé de se mettre en grève et de faire le tour de l'usine pour entraîner leurs camarades. Malgré les pressions de chefs parlant de « sanctions » ou « d'abandons de poste », les trois quarts des machines étaient arrêtées dans l'après-midi.
Un tract fut rédigé pour s'adresser à l'équipe suivante, qu'il ne fut pas très difficile de convaincre d'entrer en lutte : 80 % de la production fut stoppée cette nuit-là. L'équipe du matin se mit en grève à son tour. À la Fabrication, seules trois machines tournèrent.
Les mêmes représentants de la direction, qui ne voulaient rien écouter la veille, vinrent alors demander quelles étaient les revendications. Moins d'une journée de grève les avait rendus plus disposés à nous entendre. Mais la seule proposition à notre refus de payer les pneus d'essais, fut d'étaler le coût sur plusieurs mois.
Plusieurs ont dit à la chef du personnel, le directeur s'étant esquivé courageusement, qu'ils ne voulaient pas de « pneus à crédit ». Et puis, ils ont dénoncé les pressions intolérables, la nécessité d'en faire toujours plus, les sanctions, le chantage pour accepter la dégradation des conditions de travail, chacun exprimant ce qu'il avait sur le coeur. L'équipe du soir ainsi que celle de nuit poursuivirent le mouvement de grève. Dans les deux équipes du week-end, contrairement à d'autres fois, il y eut des débrayages de plusieurs heures en fin de poste, à plus de 50 %.
Lundi, la grève s'est poursuivie dans les trois équipes. Le matin, des banderoles ont été confectionnées pour aller voir les camarades d'une usine Michelin voisine, à la Combaude, sans réussir à les entraîner. Le lendemain, en fin d'équipe, des débrayages ont eu lieu pour aller voir ceux du site Michelin de Chantemerle, en grève contre un changement d'horaire.
À l'heure où nous écrivons, des débrayages continuent. Le sentiment qui domine est que « nous avions besoin de ça », que cette réaction « va peut-être les calmer un peu ». Même si nous n'avons pas réussi à être plus nombreux pour faire reculer Michelin, nous avons pu exprimer collectivement notre ras-le-bol du mépris de l'encadrement, des conditions de travail toujours plus harassantes, et la nécessité d'avoir des salaires corrects.