États-Unis : Frénésie réactionnaire à la tête du Michigan - Échec et mat aux appareils syndicaux19/12/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/12/une2316.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : Frénésie réactionnaire à la tête du Michigan - Échec et mat aux appareils syndicaux

Le gouverneur républicain du Michigan a fait le forcing pour faire adopter une série de lois réactionnaires au Parlement de l'État, avant que la Chambre des représentants ne laisse la place à partir du 1er janvier à la Chambre élue en novembre dernier, dans laquelle la majorité républicaine est réduite à 8 voix au lieu de 18.

C'est ainsi qu'au cours de séances marathon ont été adoptées, parmi bien d'autres, une loi renforçant les obstacles pour obtenir une IVG, une autre autorisant le port d'armes dans les écoles, les garderies, les stades et les églises, une autre encore autorisant le recours à un régime dictatorial pour une collectivité locale en crise financière (ville, État, système scolaire, etc.). Cette proposition avait pourtant été soumise à référendum et rejetée en novembre dernier. Mais le gouverneur s'est empressé d'en proposer une nouvelle rédaction.

Il a été plus rapide encore pour s'appuyer sur le résultat d'un autre référendum, proposé par les dirigeants syndicaux qui voulaient que le droit des syndicats à être les représentants exclusifs des salariés -- et donc de percevoir les cotisations de tous les travailleurs, étant tous considérés comme membres du syndicat -- soit inscrit dans la Constitution du Michigan. Prétendant graver ce droit dans le marbre, ils allaient tout droit à l'échec en faisant trancher cette question concernant les salariés par l'ensemble de l'électorat, d'autant qu'ils ne firent rien pour susciter une mobilisation des travailleurs.

S'appuyant sur les 57,4 % de « non » contre cette proposition, le gouverneur du Michigan s'empressa de présenter une loi interdisant aux syndicats d'obliger qui que ce soit à se syndiquer. En moins d'une semaine, il fit voter la loi en urgence au Sénat et à la Chambre de l'État et la signa immédiatement. Les syndicats appelèrent à des manifestations à l'occasion des votes. La dernière réunit quelque douze mille personnes. Mais ce fut bien insuffisant pour empêcher la loi d'être adoptée.

Dans l'État du Wisconsin, la mobilisation contre une telle loi avait été beaucoup plus importante en 2011, mais finalement la loi avait tout de même été adoptée. Le résultat pour les organisations syndicales a été désastreux puisqu'elles ont perdu entre la moitié et les trois quarts de leurs syndiqués.

Le Michigan est le vingt-quatrième État des États-Unis à avoir adopté une telle législation, mais c'est le premier à être un grand État industriel, berceau du syndicalisme américain qui plus est. C'est donc un rude coup qui est porté là aux appareils syndicaux, qui envisagent maintenant la bataille sur le plan juridique et... sur le plan électoral, en appelant dès maintenant à bien voter en novembre 2014.

Il est évident que dans le Michigan, dans le Wisconsin ou partout ailleurs dans le pays, les appareils syndicaux sont d'autant plus vulnérables à de telles attaques qu'ils n'aident pas les travailleurs à se défendre contre les mauvais coups du patronat et du gouvernement. Bien au contraire, les dirigeants syndicaux tiennent à leur rôle de « partenaires » des patrons, qui consiste à faire avaler aux travailleurs les sacrifices exigés par le patronat.

Les dirigeants syndicaux accompagnent les reculs qui sont imposés aux travailleurs. Mais cette fois ce sont les appareils syndicaux eux-mêmes qui sont rejetés des dizaines d'années en arrière.

La force réelle des organisations syndicales, c'est l'organisation consciente, volontaire et démocratique des travailleurs. Et contre cela, les manoeuvres réactionnaires et politiciennes auraient bien peu de prise.

Partager