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- Lutte ouvrière n°2315
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Leur société
Expulsion des Roms à Toulouse : La précarité accentuée
À Toulouse, plus d'une centaine de Roms roumains et bulgares viennent d'être expulsés des berges de la Garonne, où ils vivaient. Beaucoup d'entre eux s'étaient retrouvés là après avoir été expulsés d'autres camps, mais depuis qu'ils y avaient monté leurs baraquements de fortune, la préfecture comme la mairie (socialiste) avaient tout fait pour rendre leurs conditions d'existence épouvantables.
Le ramassage des ordures leur était refusé, l'amoncellement de celles-ci a entraîné la prolifération des rats, ces derniers s'attaquant à tous leurs effets personnels : habits, couvertures, matelas... Enfin, malgré leurs demandes, aucun des quelques dizaines d'enfants n'était scolarisé.
La mairie avait donc beau jeu de dire qu'il fallait trouver une solution à cette situation. Le 22 novembre, avant 8 heures, un nombre impressionnant de véhicules a déversé plus de CRS que d'habitants du camp. On a alors expliqué aux Roms qu'une solution de relogement avait été trouvée pour chacun d'eux... mais sans bien sûr leur laisser le choix de la refuser.
Les familles ont alors été « invitées » à ranger leurs affaires et n'ont été autorisées à prendre que ce qu'elles pouvaient porter. Beaucoup vivaient là depuis des mois et, grâce au dévouement de bénévoles, elles avaient pu se procurer de la literie, du matériel de cuisine, des vêtements. On leur a promis qu'ils pourraient revenir récupérer leurs affaires dès qu'ils seraient installés. Mais dès leur départ, un bulldozer a écrasé toutes leurs baraques et ce qu'elles contenaient.
Quant au relogement, sept familles sur une trentaine ont été effectivement relogées en appartements. Ces sept logements vacants étaient libres depuis longtemps, car personne n'en voulait. Six d'entre eux sont des T1 où les familles devront s'entasser. De plus, n'ayant pu emporter qu'une valise, elles se retrouvent dans des logements vides, sans matelas, ni matériel de cuisine. Elles sont maintenant dispersées dans toute la ville, ayant parfois perdu les liens entre elles et avec les bénévoles, liens pourtant essentiels à leur survie.
Quant aux autres familles, elles n'ont eu droit, au mieux, qu'à des nuitées d'hôtel. Elles aussi se retrouvent dispersées, à la périphérie de la ville, sans argent, sans moyens de déplacement et donc sans possibilité de venir bénéficier du repas quotidien qui leur était auparavant servi par une cantine sociale située près des berges.
La presse locale présente le « déménagement » des berges comme un dénouement humain. En réalité, pour la plupart des familles expulsées de leurs baraquements, il a rendu leur situation encore plus précaire et désespérée.