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- Lutte ouvrière n°2315
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Editorial
Dénoncer les attaques concertées du patronat et du gouvernement, pour les combattre
Après avoir brandi la menace de la nationalisation de Florange, le gouvernement a fini par s'aplatir face au roi de l'acier. Il ne pouvait y avoir de capitulation plus honteuse. Mais le gouvernement n'avait pas encore bu le calice jusqu'à la lie. Alors qu'Ayrault s'est échiné tout au long de la semaine à faire passer la pilule, le PDG d'ArcelorMittal lui a infligé un camouflet en annonçant qu'il renonçait à porter le dossier Ulcos devant l'Union européenne. Un communiqué de Mittal aura suffi à mettre par terre toutes les belles paroles du gouvernement sur l'avenir de la sidérurgie à Florange !
Le gouvernement est prêt à tout avaler de la part du grand patronat, il est prêt à mentir pour justifier ses attaques. Car il n'y a rien dans l'accord avec Mittal. Le sauvetage des emplois est un mensonge : si les travailleurs des hauts fourneaux sont mis en retraite ou reclassés, les 629 emplois disparaissent bel et bien, et avec eux les emplois de centaines d'intérimaires et de sous-traitants.
Quant à l'engagement de Mittal « d'investir » 180 millions sur cinq ans, c'est de l'enfumage. Sur ces 180 millions, seuls 53 millions seront utilisés pour l'investissement, le reste devant servir à la maintenance. Mittal ne s'est donc engagé à « investir » que 10 millions par an et, quand on sait qu'il touchera au moins 10 millions chaque année grâce au crédit d'impôt compétitivité, il ne sortira pas un centime de sa poche. Dans cet accord, ce n'est pas Mittal qui s'est engagé à investir, c'est l'État !
Preuve, s'il en fallait encore, que tous les gouvernements, qu'ils soient de droite ou de gauche, sont vendus corps et âme à la bourgeoisie, et pas seulement à Mittal mais aussi à Peugeot, Arnault, Michelin, Bettencourt... Et c'est sans état d'âme que le gouvernement renie les promesses du candidat Hollande pour plaire à ces messieurs-dames les capitalistes.
Depuis la rentrée, le gouvernement a mis sur pied un cycle de négociations entre patronat et syndicats qui devrait se conclure à la fin du mois. Cela fait donc trois mois que les dirigeants syndicaux enchaînent réunion sur réunion avec le patronat, alors que tout ce que cherche le gouvernement, c'est à faire cautionner sa politique antiouvrière par les chefs syndicaux. Le gouvernement prétend être l'arbitre entre les travailleurs et le patronat, et il leur demande de « négocier », de « signer un compromis historique », mais ce n'est qu'hypocrisie et jeu de dupes.
On l'a vu avec l'accord passé avec Mittal : pour le gouvernement, un « bon accord » est un accord qui convient d'abord et avant tout au patronat et qui préserve ses intérêts, quitte à s'asseoir sur les revendications ouvrières. C'est le type d'accord qui satisferait le patronat et le gouvernement, mais les travailleurs n'ont rien à y gagner.
Qu'y a-t-il à négocier avec le patronat ? Dans cette période de crise, les travailleurs sont bien placés pour savoir que celui-ci ne fera pas de cadeaux. Dans toutes les entreprises, les patrons cherchent à revenir en arrière sur les jours de repos, sur les primes, sur les horaires. Partout, il s'agit de faire travailler plus les salariés en les payant moins.
Chez Peugeot, c'est la suppression de 8 000 emplois et la fermeture de l'usine d'Aulnay-sous-Bois. Chez Renault, c'est un projet de mobilité forcée qui obligerait un ouvrier à faire jusqu'à 100 ou 150 km par jour, aller-retour, pour rejoindre l'usine où il y aurait besoin de bras. Chez Toyota, c'est la baisse, voire la suppression de la prime d'intéressement.
Tout ce que le patronat veut « négocier », c'est encore plus de flexibilité, encore plus de précarité, moins de droits pour les travailleurs. Ces négociations, si elles débouchaient, ne pourraient se conclure que sur une régression historique. Dans ces conditions, signer un accord avec le patronat serait une véritable trahison.
Le gouvernement incite les organisations syndicales à négocier avec le patronat le poids des chaînes auxquelles les travailleurs sont attachés, en sachant que les syndicats n'obtiendront même pas qu'elles soient plus légères !
Il n'y a aucune raison pour les travailleurs d'entrer dans ce jeu-là. Car s'il est difficile de trouver le chemin des luttes massives pour contrer les attaques concertées du patronat et du gouvernement, on peut et on doit les dénoncer dès aujourd'hui, pour préparer les indispensables luttes de demain.
Éditorial des bulletins d'entreprises du lundi 10 décembre