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Dans les entreprises
Centrale nucléaire de Cattenom (Moselle) : La grève après une mesure de trop
Lundi 19 novembre, la grève à l'appel de la CGT était suivie à 100 % par les équipes de conduite de la centrale nucléaire de Cattenom. L'ensemble des grévistes représentaient 10 % des 1 200 salariés. Ce mouvement reflète un malaise profond et durait toujours mardi 20 au soir. Il a entraîné une baisse de production électrique de la seule tranche manoeuvrable sur les quatre de la centrale ce jour-là.
Les agents EDF qui veillent à la bonne marche des installations en salle de commande, jour et nuit, ont bien du mal à réaliser leur travail en toute sérénité. Depuis des années déjà, la productivité est le leitmotiv de tous les directeurs. La privatisation de l'électricité n'a fait qu'accroître la pression. Aujourd'hui la coupe est pleine et la sortie de l'équipe de quart d'un opérateur, à qui la direction reproche des écarts, a été la mesure de trop.
Les salariés en continu ont été les premiers à réagir à la décision d'un chef trop zélé. Le 14, une assemblée générale a voté la grève pour lundi 19 avec comme revendications la levée de la sanction et l'embauche de personnel dans les postes non pourvus ainsi que l'anticipation des embauches. À cela s'ajoute le non-respect de certaines promotions accordées dans le cadre du dernier protocole de fin de conflit.
Un directeur délégué s'est déplacé en fin d'assemblée pour écouter les explications des agents qui ont dénoncé une fois de plus la dégradation de leurs conditions de travail, y compris le fait que la direction ne tienne pas compte des alertes multiples faites en CHS-CT par les représentants du personnel.
Aujourd'hui, la direction reproche un écart, mais combien d'événements identiques ont été évités grâce aux professionnels en dépit des avis de la ligne hiérarchique ?
Alors, le fait de se faire éjecter d'une équipe quand un écart est pointé pour refaire « une période de professionnalisation » a fait bondir le personnel qui a montré sa capacité à réagir collectivement en dépit de l'individualisme ambiant.
La direction s'y connaît pourtant en écarts, elle qui vient de se faire épingler dans toutes les centrales pour dépassement des horaires et non-respect de la réglementation en matière de repos de 11 h.
Depuis des années, les heures supplémentaires sont légion. Les comptes épargne temps sont remplis. L'Autorité de Sûreté est passée aux injonctions... rien n'y fait en matière d'embauches. Et pourtant EDF se vante dans la presse d'en faire alors que les autres entreprises licencient. Mais on est très loin du compte pour garantir le fonctionnement optimal des installations, d'autant que, après la décision de prolonger la durée de vie des centrales, les travaux supplémentaires prévus à cet effet s'amoncellent.