La cour d'appel de Lyon a confirmé le 13 novembre le jugement rendu il y a plus de deux ans par le tribunal des affaires sociales de Bourg-en-Bresse qui avait reconnu la société Eurovia, une filiale de Vinci, coupable de « faute inexcusable » pour le décès d'un ouvrier du bitume.

Exposé pendant plus de vingt ans aux vapeur du bitume qu'il épandait sur les routes sans autre protection que des gants, une casquette et un tee-shirt, José Serrano Andrade avait développé un cancer de la peau dont il devait décéder en 2008. En condamnant Eurovia pour un manquement à ses obligations de sécurité, la justice a établi « un lien entre le cancer de la peau et l'activité professionnelle de M. Serrano », a déclaré l'avocat de la famille. « C'est une victoire », a-t-il ajouté.

Effectivement, c'est une victoire à double titre. D'abord par la reconnaissance du mépris pour la santé et la vie des travailleurs qu'affiche la société Eurovia, filiale d'un géant du BTP riche à milliards et qui, malgré cela, refuse de fournir à ses salariés les protections indispensables. Elle a d'ailleurs été condamnée à verser 200 000 euros de dommages et intérêts à la famille du défunt. C'est aussi un avertissement pour les autres entreprises de travaux publics, où l'on estime que 4 000 ouvriers du bitume ont été exposés au même risque. Enfin, bien que l'exposition aux fumées toxiques du bitume ne soit pas actuellement reconnue comme cause d'une maladie professionnelle, le jugement rendu ouvre la voie pour que cela le soit.

Eurovia, de son côté, continue à nier sa responsabilité et, s'appuyant sur l'arrêté du tribunal qui évoque aussi l'exposition conjointe aux rayons UV, rejette la « faute inexcusable » sur... le soleil.