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Leur société
Pertes et profits chez Veolia : Jamais sans l'État
Le groupe Veolia est spécialisé dans la mise en exploitation des fonds publics : gestion de l'eau concédée par les communes et traitement des déchets, subventionné par les mêmes. Fort d'une expérience plus que centenaire en France, le groupe s'est développé dans le monde entier, posant un peu partout des compteurs sur des tuyaux d'adduction d'eau payés par les fonds publics.
Ayant hérité, au fil des fusions, d'un secteur de transports en commun, Veolia avait tenté de le développer sur les mêmes principes du « service aux collectivités », principe qui peut se résumer à « confiez-moi votre montre, je vous vendrai l'heure ». La Caisse des dépôts et consignations, autrement dit l'État, qui se trouvait elle aussi à la tête d'un important secteur de transports collectifs issu du rachat de diverses entreprises en faillite, lui vint en aide. Transdev, filiale de la CDC, fusionna avec Veolia transports en janvier 2011 pour donner une des plus importantes sociétés de transports publics dans le monde.
Mauvais calcul sans doute des dirigeants, le succès ne fut pas au rendez-vous et Veolia annonça début 2012 sa volonté de vendre sa filiale transports. Aucun client ne se présentant, l'État est venu une nouvelle fois au secours du groupe privé. La Caisse des dépôts vient ainsi d'annoncer qu'elle acceptait d'éponger une partie des dettes de Veolia Transdev, de garantir les autres et de devenir propriétaire de 60 % du groupe, en en prenant donc la responsabilité.
Le groupe Veolia dans son ensemble est bien entendu bénéficiaire, y compris son dernier résultat connu, celui du premier semestre 2012. La direction du groupe a versé 0,70 euro par action l'an passé et s'est engagée à faire de même les années qui viennent. Au cours actuel de l'action cela représente un rendement annuel de 8 à 9 %.
Les activités du groupe, ce que les financiers nomment abusivement ses « métiers », sont nécessaires à la vie sociale, qu'il s'agisse de la distribution d'eau, de la gestion des déchets ou des transports collectifs. Toutes ces activités ont d'ailleurs été mises en place, expérimentées, rationalisées, financées par la puissance publique et ce n'est qu'une fois qu'elles sont devenues potentiellement rentables du point de vue financier, qu'elles ont été dévolues à des groupes privés.
Veolia réussit donc la performance d'être deux fois parasite : quand il gagne de l'argent, c'est en dévoyant le service public, quand il risque d'en perdre, les fonds publics payent pour lui. C'est mériter deux fois d'être exproprié, sans rachat ni indemnité !