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- Lutte ouvrière n°2310
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Leur société
« Coût du travail » : Une campagne mensongère
Si les patrons français se font tailler des croupières par leurs concurrents, ce serait en raison d'un coût du travail trop élevé. Autrement dit, du fait que les travailleurs français seraient plus payés que les travailleurs des autres pays. Pour le démontrer, journaux télévisés et presse écrite multiplient les chiffres, tableaux et graphiques comparant les salaires dans les différents pays.
L'Allemagne étant présentée comme le principal concurrent des industriels français, la comparaison la plus fréquente confronte le salaire des travailleurs français à celui des travailleurs allemands.
La revue Alternatives Économiques, dans un hors-série paru cet été, montrait que, dans l'industrie automobile, le salaire annuel moyen par employé atteignait 62 700 euros en Allemagne, et 52 100 euros en France. Ce seraient donc les travailleurs allemands qui seraient les mieux payés.
Autre son de cloche, Le Monde du 27 octobre chiffrait le salaire moyen en France à 36,8 euros de l'heure dans l'industrie en général. Le journal ne donnait pas de chiffre pour l'Allemagne, se bornant à préciser que le salaire horaire avait augmenté en France de 53 % depuis 2000, « une des hausses les plus fortes d'Europe », précisant seulement que « le coût du travail s'est alourdi deux fois moins en Allemagne ». Ce qui suggère, mais sans le prouver, que les salariés français seraient vraiment très privilégiés par rapport aux salariés allemands.
Dans son numéro du 5 novembre, le journal Les Échos chiffrait lui à 35,9 euros de l'heure le salaire de l'industrie en France, contre 35,4 euros en Allemagne. Le même jour, L'Humanité donnait les mêmes chiffres. Entre les salaires allemands et les salaires français, la différence serait donc en tout cas minime.
Il est facile de faire dire aux chiffres tout et son contraire. Pour justifier l'attaque contre les salaires et contre les salariés, les journalistes et les économistes font flèche de tout bois pour prouver que les travailleurs français seraient trop payés. Jusqu'à évoquer les baisses de salaire drastiques imposées aux travailleurs grecs, portugais et espagnols, voire des plus pauvres des États d'Europe de l'Est, soumis à des taux de chômage extravagants... Dans le style : « si vous voulez du travail, voilà ce qu'il vous faudra accepter ».