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- Lutte ouvrière n°2310
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Leur société
Au sommet de la CGT : Passage de témoin sans témoins
Le 6 novembre, le comité confédéral national de la CGT a avalisé la désignation du successeur de Bernard Thibault à la tête de la confédération. Il s'agit de Thierry Lepaon, anciennement militant chez Moulinex et actuel représentant de la confédération au Conseil économique et social, un organisme qui est aussi loin des travailleurs qu'un salon de thé du Palais-Royal.
Les commentateurs ont bien évidemment glosé sur la personnalité du futur secrétaire général, interrogeant des ouvriers licenciés de chez Moulinex qui ne l'appréciaient guère et publiant des déclarations de l'ancien PDG lui tressant des couronnes. D'autres ont ironisé sur les difficultés rencontrées par les instances confédérales pour se mettre d'accord sur un nom. Mais, parmi les militants et adhérents de la CGT, pourtant les premiers concernés, cette succession n'a soulevé aucune discussion, du moins à la base.
Comment l'aurait-elle pu ? Non seulement les militants n'ont pas été consultés, encore moins si c'est possible que lors de la préparation, très contrôlée, du dernier congrès. Mais en plus le problème du choix du futur secrétaire général ne s'est à aucun moment posé en fonction des nécessités et des intérêts des travailleurs dans cette période.
Quelle attitude et quel langage la confédération doit-elle avoir vis-à-vis d'un gouvernement qu'elle a contribué à mettre en place ? Comment lutter contre la vague actuelle de licenciements et la hausse continue du chômage ? Face à la crise qui s'approfondit, quelles perspectives la confédération a-t-elle à offrir aux travailleurs ?
Pas un mot sur tout cela, et bien malin qui peut dire si, entre les candidats à la succession, de Nadine Prigent à Éric Aubin et Thierry Lepaon, il y a eu le moindre débat à ce sujet. Il faut bien en conclure qu'il n'y en a eu aucun, ou aucun d'important.
Au moment où les travailleurs et les militants sont confrontés à une situation de plus en plus difficile, le seul débat au sommet de la CGT aura donc été pour savoir qui serait sphinx à la place du « sphinx », puisque paraît-il c'est le surnom de Thibault au siège de la CGT.