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- Lutte ouvrière n°2309
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Dans les entreprises
La Poste Paris 08 : Lors du déménagement, les facteurs réagissent aux attaques
Le bureau de poste de Paris 08, où travaillent 330 salariés, la plupart facteurs, vient de déménager, toujours dans le 8e arrondissement. Ce transfert permet à La Poste une belle opération immobilière. Entre la vente d'un immeuble classé, rue de la Boétie, et l'achat d'un vieil immeuble appartenant à la SNCF, au-dessus de la gare Saint-Lazare, elle devrait empocher au bas mot plusieurs dizaines de millions d'euros.
Ce déménagement a été l'occasion d'attaques diverses pour supprimer des emplois et faire des économies.
La direction de La Poste s'est d'abord attaquée aux salariés dont elle avait transféré dans le passé le contrat à des entreprises sous-traitantes. Ainsi, quelques jours avant la fermeture, certains salariés du restaurant d'entreprise n'étaient même pas informés de leur futur lieu de travail. Pour ce qui est des agents de nettoyage, la direction a fait savoir seulement quinze jours avant le déménagement du bureau que le contrat allait s'arrêter. Certains de ces salariés travaillaient depuis vingt ou trente ans dans le bureau de poste. Beaucoup de postiers ont été indignés et ont tenu à faire savoir que, pour eux, ces camarades étaient des leurs.
La pétition demandant que ces salariés suivent les facteurs sur leur nouveau site a été signée massivement. Si cette réaction a pu empêcher qu'ils soient purement et simplement mis dehors, leur situation n'est pas pour autant réglée puisque la société de nettoyage propose aux plus anciens, ayant plus de soixante ans, d'être reclassés sur une « mobilité Île-de-France », ce qui pourrait les obliger à travailler un jour dans l'Essonne, un autre dans le Val-d'Oise.
Le directeur du bureau de poste a aussi littéralement agressé verbalement une postière qui, pour protester sur ses conditions de travail, avait osé marquer un mot sur le cahier d'hygiène et de sécurité. Elle a été traitée avec un tel mépris et sur un ton tellement cassant qu'elle a fait une crise de nerfs et a dû être hospitalisée pendant cinq jours. Du coup le directeur a été pris à partie et hué lors d'une assemblée du personnel, beaucoup réclamant qu'il soit suspendu. Une enquête est menée par les élus du CHSCT et même si, pour l'instant, cet individu est encore soutenu par ses supérieurs, pour tout le personnel, il ne devrait plus être là.
Enfin, lors de ce déménagement, 300 facteurs sont arrivés dans les nouveaux locaux encore en travaux, avec un manque de place évident, des conditions de sécurité et de travail tellement ahurissantes que dès le lendemain, 16 octobre, 200 postiers, excédés, ont arrêté le travail, exigeant des engagements et des mesures immédiates. N'en menant pas large, le directeur a préféré ne pas les compter grévistes et s'est engagé sur des travaux et autres mises en état du bâtiment. Mais le lendemain, alors que plusieurs dizaines de postiers étaient encore en grève, il a voulu « reprendre la main » en menaçant ceux qui se réunissaient. Du coup, la direction régionale a dû envoyer un de ses représentants pour donner des assurances aux postiers sur la prise en compte de leurs demandes.
Le directeur, plein de morgue, a dû en rabattre mais beaucoup de postiers sont bien décidés à maintenir la pression.