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- Lutte ouvrière n°2308
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Dans les entreprises
Banque de France -- Saint-Denis : Contre la fermeture
Lors d'un comité central d'entreprise, en septembre 2012, le président de la Banque de France Christian Noyer a détaillé son nouveau projet « Banque de France à l'horizon 2020 ». Son projet prévoit, comme dans les autres banques, des réductions d'effectifs : le non-remplacement d'un poste sur deux dans le cadre des départs en retraite, c'est-à-dire de 1 700 à 2 100 postes, et la fermeture, doublée de la vente, de nombreuses succursales dont celle de Saint-Denis, située dans un bel immeuble en centre-ville.
Ce n'est pas la crise qui peut expliquer ces restrictions. La banque affiche un bénéfice de cinq milliards d'euros après impôts en 2011. Le 21 septembre, suite à un appel national des syndicats, les salariés de la Banque de France s'étaient mis en grève à 80 %, du jamais vu. À Saint-Denis, la grève avait été suivie dans cette proportion.
Les 74 salariés de Saint-Denis ne veulent pas désarmer : appuyés par les élus de la ville, ils se sont rassemblés de nouveau le 16 octobre pour dénoncer la fermeture de leur succursale, qui est une atteinte, une de plus, au service public. En effet les employés de cette agence ne se contentent pas d'évaluer la solidité financière des entreprises : ils aident les familles à monter des dossiers de surendettement -- procédures qui peuvent retarder notamment l'expulsion d'un logement -- et prodiguent des conseils pour obtenir un compte bancaire à ceux qui en sont privés. À l'agence de Saint-Denis, 2 600 dossiers de surendettement ont été établis en 2011, ce qui a permis à mille personnes de retrouver un compte.
La direction de la banque voudrait n'ouvrir qu'un guichet en Seine-Saint-Denis, dans un département qui reçoit 50 000 personnes chaque année pour des dossiers de surendettement, des réouvertures de compte, des informations diverses sur le droit bancaire, et ce, une fois par semaine ! Cela revient à obliger le public à avoir recours à Internet, auquel il n'a pas forcément accès, pour monter les dossiers de surendettement ou à faire appel aux assistants sociaux, déjà débordés.
« Nous ne voulons pas que notre métier soit démoli, nous voulons continuer de rendre service aux gens, notamment aux plus fragiles qui ont le plus besoin de nous », ont déclaré les syndicalistes présents lors du rassemblement. La fermeture de la succursale de Saint-Denis intervient au moment où le chômage et la pauvreté s'accroissent. Ces suppressions d'emplois, en s'ajoutant aux milliers d'autres, vont contribuer à renforcer l'exclusion.