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Venezuela : Après les élections du 7 octobre, Chavez reste aux commmandes
Hugo Chavez, qui préside le Venezuela depuis 1999, a été réélu, dimanche 7 octobre, pour un nouveau mandat de six ans à la tête de ce pays de 28 millions d'habitants, riche en pétrole. Avec plus de 80 % de participation, le président sortant l'a emporté haut la main par 54,4 % des voix, contre 44,9 % à son principal adversaire, le candidat de la droite, Henrique Capriles, un avocat issu d'une famille riche, champion des puissances impérialistes et de l'oligarchie locale qui, depuis des années, n'aspirent qu'à la chute de Chavez.
Jusqu'en 1998, la classe possédante jouait un rôle exclusif d'intermédiaire avec les compagnies pétrolières étrangères attirées par les immenses réserves d'hydrocarbures du pays, en s'assurant au passage de confortables revenus au détriment de toute la population laborieuse. Depuis, elle a dû apprendre à composer avec le régime de Chavez, qui a imposé un repartage de la rente pétrolière un peu plus équitable pour les classes populaires et fait reculer la pauvreté, de 48 % en 1998 à 27 % aujourd'hui, et réduit le taux de chômage de 14 à 7 %. Un résultat suffisamment rare pour marquer les esprits, dans une Amérique latine où la masse de la population survit très difficilement.
Que les classes dirigeantes ne puissent plus décider seules de la redistribution même d'une petite part de la richesse du pays, voilà qui leur est insupportable et qui explique la haine qu'elles vouent à Chavez depuis son arrivée à la tête de l'État. Depuis des années, avec les politiciens qui aspirent à les représenter, elles n'ont cessé de dénoncer son régime « antidémocratique », bien qu'en quatorze ans Chavez ait organisé quinze scrutins, tous remportés à l'exception d'un référendum.
Il y a dix ans, cette même oligarchie, qui se prétend si soucieuse de démocratie, avait tenté, avec le soutien des États-Unis, de renverser Chavez par un putsch qui avait échoué lamentablement parce que la population des quartiers pauvres et la majeure partie de l'armée s'étaient mobilisées pour le contrecarrer. Quelques mois plus tard, les possédants récidivaient en essayant de prendre le contrôle de la compagnie pétrolière nationale PDVSA, là encore sans succès. Les travailleurs du pétrole et la population avaient fini par chasser l'administration de la compagnie liée aux possédants. La droite avait touché le fond en boycottant par la suite des élections législatives, assurant ainsi elle-même l'hégémonie de Chavez et de son parti au Parlement.
Cette fois, Capriles et l'oligarchie avaient pris une autre option. Ils se sont non seulement présentés aux élections mais ont fait savoir que les programmes sociaux mis en place par Chavez, les « missions », ne seraient pas remis en cause. Il s'agissait de tenter de mordre sur une partie de l'électorat de Chavez. D'autres points du programme de Capriles, comme la fin du contrôle des prix, avaient de quoi inquiéter les classes populaires.
Mais, même s'il y a des signes de mécontentement vis-à-vis de Chavez, la majorité de ses électeurs des quartiers populaires lui ont renouvelé leur vote, par attachement aux mesures sociales que jusqu'à présent il n'a pas remises en cause, même si toutes n'ont pas connu le même succès. Le régime de Chavez a marqué des points contre la pauvreté et l'analphabétisme et dans le secteur de la santé, grâce à l'aide de 40 000 médecins cubains qui interviennent dans les quartiers. En revanche son programme de construction de logements reste loin des chiffres annoncés.
Malgré leurs limites, ces mesures qui concernent les conditions de vie les plus élémentaires de la population des quartiers populaires ont fait reculer la pauvreté. Cela a été possible en prélevant une partie de la rente pétrolière, qui auparavant finissait intégralement dans les coffres des multinationales impérialistes et de l'oligarchie locale, et le prélèvement a été d'autant plus facile à mettre en oeuvre que le prix du pétrole n'a cessé d'augmenter toutes ces années.
En fait, la redistribution imposée par le régime de Chavez est loin de mettre sur la paille les possédants puisque, selon les statistiques mêmes du régime, les 20 % les plus riches continuent d'accaparer 50 % de la richesse nationale.
C'est dire que la formule du « socialisme du 21e siècle », dont Chavez aime enrubanner son action politique, n'a de « socialiste » que les mots employés. Car comment parler de socialisme, pour un régime où les ouvriers n'ont aucun pouvoir, où les grévistes sont réprimés, où les dirigeants s'accordent des avantages et des privilèges identiques à ceux de leurs prédécesseurs et où, en dépit de ses piailleries, la vieille classe possédante, que le régime n'a pas expropriée, continue de prélever la meilleure part du revenu national ?
En fait, des programmes sociaux comme ceux que Chavez a mis en oeuvre, avec toutes leurs limites, seraient à la portée de tous les États de la planète si, avec la crise, ils n'avaient pas comme seule priorité la satisfaction des exigences des possédants.