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Leur société
Mediator : Le scandale continue
86 % des demandes d'indemnisation des victimes du Mediator ont été rejetées par les experts désignés par le ministère de la Santé.
Il n'en a pas fallu plus pour qu'on lise dans la presse que l'antidiabétique des laboratoires Servier n'est peut-être pas à l'origine des 500 décès qu'on lui impute.
Le doute est ainsi instillé, pour la plus grande satisfaction de Servier, dont la porte-parole s'est immédiatement réjouie : « Ces données confirment que le risque de problème valvulaire lié à la prise de Mediator est rare et que, lorsqu'il y a un effet, il est peu important dans la majorité des cas. » Ben voyons !
C'est véritablement une tromperie. Car il n'y a aucun doute sur la dangerosité du Mediator, un poison qui peut provoquer des lésions des valves du coeur et ainsi entraîner de graves défaillances cardiaques. C'est même la raison pour laquelle les organismes de contrôle du médicament l'ont interdit en novembre 2009, après trente-trois années de commercialisation, après qu'il eut provoqué selon l'Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) au moins 500 morts.
En septembre 2011, Jacques Servier, le PDG du laboratoire, a été mis en examen pour « tromperie et escroquerie » parce que pendant plus de trente ans ce médicament a été présenté comme ce qu'il n'était pas, avec des vertus qu'il ne possédait pas, et sans mentionner des effets secondaires qui, eux, étaient bien réels. Et cela parce que, pendant plus de trente ans, le Mediator a rempli les coffres de Servier pour un montant estimé à 30 millions d'euros par an -- estimation faite par Servier, c'est dire !
À la même époque, en septembre 2011, l'État a mis en place un système d'indemnisation des personnes s'estimant victimes du Mediator, un système à l'amiable, hors des tribunaux. Les personnes qui s'en considèrent victimes doivent donc établir un dossier prouvant qu'ils ont pris le médicament et démontrant qu'ils n'avaient pas de problème avant. On imagine avec quelle facilité on peut retrouver des ordonnances de plus de dix ans et apporter la preuve qu'on était alors en bonne santé puisque, par définition, en bonne santé, on n'allait pas consulter...
Une fois ficelé, le dossier doit être envoyé à l'Oniam (Office national d'indemnisation des accidents médicaux) où une commission de sept experts -- dont un médecin désigné par Servier -- doit déterminer si le Mediator est bien la cause de la pathologie. Ainsi des milliers de dossiers ont été transmis à l'Oniam, 831 ont été examinés, dont seuls 112 ont été jugés « recevables ».
Voilà qui ne dit rien de la dangerosité du Mediator, mais seulement de l'inefficacité de la procédure et de l'examen des dossiers. Ce n'est pas sans rappeler d'autres scandales sanitaires, de l'amiante au sang contaminé, avec les lenteurs scandaleuses de l'État à prendre en compte la santé des malades et de leurs familles face à la puissance des industriels responsables.