Après le drame d'Échirolles : Des discours déjà entendus...10/10/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/10/une2306.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Après le drame d'Échirolles : Des discours déjà entendus...

Des milliers de personnes se sont regroupées mardi 2 octobre à Échirolles, au cours d'une marche blanche, pour témoigner aux familles des deux jeunes assassinés quelques jours auparavant par une bande dans un parc de la ville, leur émotion et leur solidarité.

De très nombreux jeunes étaient présents, mais également des gens de tous les âges, en fauteuil, avec des cannes, de toutes les origines, sans aucun communautarisme, portant des photos de Kévin et Sofiane ou des cartes blanches avec le dessin d'une colombe et un slogan : non à la violence !

Bien sûr, la population est indignée et choquée par ces actes criminels d'une rare violence. Les politiciens se sont d'ailleurs empressés de multiplier les déclarations de fermeté et les promesses d'amélioration aux habitants des quartiers Sud de l'agglomération grenobloise.

La zone appelée la Villeneuve est à cheval sur deux communes, Grenoble et Échirolles. Ce vaste ensemble de plus de 25 000 habitants englobe des quartiers gravement sinistrés par le chômage et la misère, avec 40 à 50 % des jeunes sans travail. Comme partout dans le pays, les écoles, collèges, lycées, MJC, centres de santé et centres sociaux du secteur ont été fragilisés par des suppressions massives de postes et des coupes claires de crédits. La prise en charge de jeunes en difficulté scolaire ou déscolarisés, parfois sans repères, sans cadre familial, nécessiterait pourtant une mobilisation de plus en plus importante de tous ces organismes. Et les professionnels de ces secteurs, particulièrement dévoués et compétents, ne peuvent, bien malgré eux, pallier ce manque d'effectifs et de crédits.

D'ailleurs, pendant que tous les médias se focalisaient sur cet horrible fait divers, les parents d'élèves de l'école Françoise-Dolto, un quartier populaire d'Échirolles voisin de la Villeneuve, étaient encore mobilisés (et ce depuis la rentrée) pour obtenir l'ouverture d'une classe supplémentaire en maternelle, leurs enfants étant actuellement à 29 par classe.

Depuis 2009, le chômage s'est gravement renforcé. Avant de procéder à 600 licenciements, l'entreprise Caterpillar avait d'abord licencié 400 intérimaires, dont beaucoup étaient des jeunes de ces quartiers de la Villeneuve.

Valls et Hollande ont promis la création d'une Zone de sécurité prioritaire, et donc le renforcement des moyens policiers, promesses qu'avaient faites avant eux Hortefeux et Sarkozy. Mais la situation sur le terrain n'a pas changé depuis, et elle s'aggrave même. En effet, après le discours de Grenoble de Sarkozy en juillet 2010, prononcé après trois nuits d'émeutes suite à une fusillade où un jeune du quartier venant de braquer le casino d'Uriage avait trouvé la mort, des effectifs supplémentaires avaient bien été apportés sur le terrain, à grand renfort de publicité. Mais cela n'a pas duré. D'après FO police, il y a aujourd'hui huit policiers en moins que lors de la venue de Sarkozy.

Le maire d'Échirolles a quant à lui expliqué dans Le Dauphiné libéré que sur l'ensemble de la zone Sud grenobloise, qui englobe les quartiers sud de Grenoble, dont la Villeneuve, Échirolles ainsi que les villes de Saint-Martin-d'Hères et de Gières, il n'y avait aujourd'hui que quarante policiers pour 150 000 habitants, dont seulement quinze de terrain.

Les politiciens de droite comme de gauche ont toujours promis, après de tels faits divers, un renforcement de la « sécurité », promesse qu'ils sont incapables de tenir, pour autant même qu'elle puisse améliorer vraiment la situation et empêcher des drames comme celui de Kévin et Sofiane. Ils parlent aussi d'assurer un avenir aux jeunes de ces quartiers. Mais qui peut encore croire à ces phrases ? Ce gouvernement de gauche, comme le précédent de droite, n'a rien d'autre à offrir à la population pauvre de ces quartiers qu'un discours sécuritaire, rempli de la démagogie la plus crasse et d'un amalgame grossier entre criminalité, immigration et insécurité.

Les habitants de ces quartiers voient se développer la violence, les incivilités et la délinquance, qui sont autant de manifestations de la dégradation sociale entraînée par la crise capitaliste.

Partager