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Leur société
Manifestation du 30 septembre : Ne pas se tromper d'objectifs
« On a réussi notre affaire. C'est la première fois que les Français se mettent en mouvement contre la politique d'austérité. On n'est pas restés chez nous à se dire : "On s'est encore fait avoir". Nous savons ce que nous voulons et où nous allons », a déclaré Jean-Luc Mélenchon, après la manifestation du 30 septembre à Paris, contre le futur traité européen. Mais où veut vraiment aller Mélenchon, c'est ce qui reste à voir.
Une grande partie des nombreux participants -- plusieurs dizaines de milliers -- ont sûrement eu le sentiment de manifester contre les mesures d'austérité appliquées par tous les gouvernements européens, y compris le gouvernement de gauche de François Hollande. Cela signifie-t-il que des manifestations axées sur la dénonciation du traité en question peuvent être le départ d'une lutte véritable contre la politique d'austérité ? Si l'on s'en tient à ce que déclare et fait Mélenchon lui-même, on peut en douter.
Vis-à-vis de Hollande, il est resté d'une très grande prudence. Cette manifestation était-elle anti-Hollande ? lui a demandé un journaliste de France Inter. « Ce n'était pas le sujet », a-t-il répondu. Mais prétendre que la lutte contre l'austérité doit se focaliser sur la lutte contre le traité, c'est, de fait, une façon de la limiter au terrain des institutions européennes et à un aspect de la politique du gouvernement Hollande. C'est une façon d'escamoter le rôle réel de ce gouvernement, qui doit servir la politique des patrons bien français, y compris d'ailleurs en les défendant contre les patrons d'autres pays européens quand c'est nécessaire.
Mélenchon sait très bien que, traité européen ou pas, la politique du gouvernement consiste à faire payer à la population la dette causée par la crise du capitalisme. C'est une politique qui n'a pas commencé avec ce traité, et engager la bataille sur ce seul terrain est donc, au mieux, une diversion. Elle n'empêchera aucun gouvernement, ni en France, ni ailleurs, de poursuivre cette politique d'austérité.
Tous ceux qui ont ainsi manifesté derrière Mélenchon risquent donc de s'engager dans une fausse voie, voire une impasse. Le seul résultat de ce 30 septembre aura sans doute été la relance médiatique de Mélenchon. Et pour lui, c'était peut-être cela le « vrai sujet ».