Crise de l'euro : La BCE verse de l'euro sur le feu12/09/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/09/une2302.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Crise de l'euro : La BCE verse de l'euro sur le feu

Jeudi 6 septembre, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé qu'elle allait désormais racheter les titres de dettes des États en difficulté qui en feraient la demande, et cela sans limite de somme. Il s'agirait de couper l'herbe sous le pied des spéculateurs : la BCE, en offrant aux prêteurs privés la garantie d'être remboursés, rendrait les opérations de prêts moins risquées pour les financiers et maintiendrait ainsi les taux d'intérêt à un niveau « raisonnable ».

Car, pour ces gens-là, si les banquiers demandent de forts taux d'intérêt c'est parce qu'ils prennent des risques. On se demande lesquels. Mais comme il n'est pas question de les contraindre à quoi que ce soit, et surtout pas à diminuer leurs profits, la Banque centrale les noie sous un flot d'argent public pour les convaincre d'être « raisonnables ».

Le métier de prêteur aux États resterait quand même d'un bon rendement puisque les banques privées pourraient toujours prêter à deux, trois, voire quatre pour cent des capitaux qu'elles obtiennent à un demi pour cent auprès de la BCE ! Et cela coûterait encore très cher aux populations puisque toute l'opération serait conditionnée par de nouveaux plans d'austérité et de nouvelles attaques contre les conditions de vie des travailleurs.

Cette nouvelle tentative des apprentis sorciers, si elle se concrétise, ne réussirait pas plus que les précédentes à calmer la tempête financière. Elle en déplacerait tout au plus l'épicentre. En effet, pour tenter d'empêcher la spéculation sur les dettes souveraines et sur la monnaie européenne, la BCE ravitaillerait les financiers en capitaux frais, lesquels iraient inévitablement alimenter d'autres spéculations, sur d'autres monnaies, sur les matières premières, ou sur un nouveau « produit dérivé » sorti de l'imagination malade des financiers.

De plus, cette création « sans limite » d'euros, cette inflation monétaire, au sens propre du terme, initiée par la Banque centrale elle-même, ce flot « illimité » de capitaux ne représentant aucune contrepartie matérielle cela entraînerait forcément une accélération de la hausse des prix. Et donc, les salaires et pensions étant bloqués, une baisse accélérée du niveau de vie des travailleurs.

Les « marchés », après avoir salué la décision de la BCE par deux jours de hausse boursière, font semblant de s'inquiéter maintenant du fait que sa mise en place soit suspendue à une décision de la Cour constitutionnelle allemande. Cette dernière devait rendre son avis mercredi 12 septembre. L'incertitude est toutefois fort limitée car, quoique vêtus de rouge, les juges ne prendront pas la seule décision efficace : exproprier sans indemnité toutes les banques, toutes les institutions financières, tous les fonds de placement, placer l'émission et la circulation monétaires sous le contrôle de la population et des travailleurs.

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