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Leur société
Université d'été du Medef : Le gouvernement fait sa cour aux patrons
Les trois derniers jours d'août ont été consacrés, dans les rangs du gouvernement, à une présence massive à ce raout patronal annuel qu'est l'université d'été du Medef.
Une bonne dizaine de ministres, Jean-Marc Ayrault en tête, se sont succédé au micro sur le campus HEC de la coquette ville de Jouy-en-Josas, dans les Yvelines. Les commentateurs, perspicaces, y virent « un flirt discret de l'Élysée avec les patrons », « une opération séduction » basée sur des « appels du pied », une « main tendue » et même une « danse du ventre ». C'était paraît-il la première fois qu'un Premier ministre en exercice faisait l'ouverture du rassemblement patronal, dont les participants arboraient -- opportunément ? -- t-shirts et rubans rose vif.
Si les adhérents du Medef avaient eu la moindre raison de s'inquiéter quant aux intentions de l'équipe de Hollande, l'opération visait ostensiblement à dire que les entreprises seront l'objet de toutes les attentions ministérielles. L'exercice de style alla des « entreprises au centre de [leurs] politiques économiques » (Ayrault), aux procédures de licenciements à « sécuriser à la fois pour l'entreprise et pour les salariés » (Sapin), en passant par l'engagement d'écarter « les mesures qui brident les entreprises » (Moscovici), « l'écologie n'est pas l'ennemi de l'esprit d'entreprise »(Batho) et même « le respect [...] pour la figure de l'entrepreneur » exprimé par Fleur Pellerin « [elle-même] fille d'entrepreneur [qui sait] ce que c'est que prendre des risques sur son propre patrimoine »... Il ne manquait que l'appel au « patriotisme économique », lancé par Montebourg.
Devant le Medef, les ministres n'ont pas fait de révélations, mais il n'en était pas besoin. La référence omniprésente à la « compétitivité » des entreprises était là pour rappeler que, du financement remanié de la protection sociale à la flexibilité du travail, le gouvernement est à l'écoute... des patrons.
Ceux-ci d'ailleurs, loin de s'avouer séduits, considèrent ces déclarations d'allégeance comme normales, et se sentent même, à l'instar du PDG de Total, autorisés à manier la menace. « Si la politique menée va à l'encontre de nos intérêts, ils vont nous entendre, je vous le dis. On jugera aux actes, c'est quand même pour ça qu'on est, comme moi, grassement payés », déclarait plaisamment M. de Margerie, le patron de Total, tandis que le PDG de Sodexo rappelait : « Pour se faire élire, les hommes politiques doivent faire des promesses qu'ils ne respecteront pas, en tout cas, je l'espère ».
Les choses sont claires en effet : quoi qu'ait dit Hollande avant les élections, il fera la politique souhaitée par le patronat. Quant aux exigences des travailleurs, il faudra que ceux-ci les imposent.