Cécile Duflot et la pénurie de logements : Un plan bien insuffisant05/09/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/09/une2301.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Cécile Duflot et la pénurie de logements : Un plan bien insuffisant

Mercredi 5 septembre la ministre du Logement, l'écologiste Cécile Duflot, a présenté en Conseil des ministres un projet de loi pompeusement appelé « projet de loi de mobilisation générale pour la construction de logements ».

Qu'il faille une mobilisation générale pour construire, et vite, les logements sociaux qui manquent, c'est une évidence. La ministre avance d'ailleurs les chiffres de 1,7 million de familles qui attendent un logement social et de 6,6 millions de ménages pour qui le loyer dans l'immobilier privé représente « la première contrainte qui pèse sur leur pouvoir d'achat ». Il faudrait donc des mesures d'urgence, dont la construction de centaines de milliers de logements sociaux, qui demanderaient la mise en oeuvre de moyens importants en hommes et en matériel, que seul l'État est à même de mobiliser. Mais Duflot, même si elle parle de « mobilisation générale », n'en prend pas du tout le chemin.

Ainsi elle annonce que 110 000 logements pourraient être construits entre 2012 et 2016 par des promoteurs immobiliers, à qui l'État céderait des terrains à bas prix, voire gratuitement, pour des programmes de logements sociaux et de résidences étudiantes. 2 000 hectares de terrains publics, dont près de la moitié en Ile-de-France, pourraient ainsi être bradés aux promoteurs pour... 27 500 logements par an. Il est vrai que Duflot annonce par ailleurs la construction de 500 000 logements neufs par an, dont 150 000 logements sociaux. Mais même si ces objectifs étaient tenus, à ce rythme, il faudrait dix ans pour construire le 1,7 million de logements sociaux nécessaire d'après la ministre elle-même.

L'autre mesure de la « mobilisation générale » version Duflot est la modification de la loi SRU, avec l'augmentation de 20 à 25 % d'ici à 2025 du seuil minimal de logements sociaux dans toute commune de plus de 3 500 habitants située dans une agglomération de plus de 50 000 habitants. Le montant des amendes serait multiplié par cinq, la ministre pointant du doigt le millier de communes qui se refusent ouvertement à appliquer la loi depuis sa mise en place en 2000. En 2010, les amendes avaient rapporté 31 millions d'euros... Alors, même multipliées par cinq, elles resteraient dérisoires pour bien des communes.

Au cours de l'université d'été des écologistes, Cécile Duflot avait affirmé qu'à son poste de ministre du Logement elle pouvait « un petit peu l'ouvrir ». Qu'est-ce que ce serait si elle ne pouvait même pas le faire ? En tout cas ce n'est pas avec ce type de « mobilisation générale » que la pénurie de logements sera en passe d'être réglée.

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