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- Lutte ouvrière n°2297
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Leur société
Immigration et politique sécuritaire : Valls dans la continuité de Sarkozy
Après la récente évacuation de camps de Roms en région lyonnaise et dans la Loire, ce devrait être le tour de deux camps à Lille, où environ 200 Roms tentent de vivre dans des conditions misérables, et dont l'évacuation a été demandée par la communauté urbaine, présidée par Martine Aubry. Comme rien n'est prévu pour le relogement de ces familles, ces expulsions ne font que les repousser un peu plus loin.
En ce qui concerne les immigrés sans papiers, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls s'est fixé comme objectif il y a quelques semaines de ne pas dépasser le nombre annuel de régularisations du gouvernement précédent et de maintenir le rythme des expulsions. Aussi veut-il accroître « l'efficacité » de cette chasse aux immigrés qu'il appelle hypocritement « notre politique d'éloignement ». Il s'est donc félicité de la possibilité de rétablissement des frontières entre pays de l'Union européenne. Et il a promis pour l'automne une nouvelle loi, portant à douze heures la durée de rétention administrative des sans-papiers par la police, contournant ainsi la décision de la Cour de cassation qui vient de déclarer illégale la mise en garde à vue des étrangers au seul motif qu'ils sont en situation irrégulière.
Quant à l'annonce de remise d'un récépissé lors des contrôles d'identité, mesure censée lutter contre le « délit de faciès » et contre les contrôles multiples d'une même personne au cours d'une journée, elle devrait être abandonnée. Les syndicats de policiers ont protesté contre la remise de récépissé aux « voyous »... message reçu par Valls qui vient de déclarer : « Si ce n'est pas applicable, je n'en vois pas l'utilité. »
Avec un tel début au gouvernement, Valls s'attire des compliments. Claude Delage, secrétaire général du syndicat Alliance, ne cachant pas sa préférence pour la droite, le félicite d'agir « dans la continuité de ces dernières années ». Quant à Éric Ciotti, député UMP chargé des questions de politique sécuritaire sous Sarkozy, il avoue son faible pour le nouveau ministre : « Quelqu'un que je connais bien et que j'apprécie. » En effet, de Pasqua à Valls en passant par Chevènement, Sarkozy, Hortefeux et Guéant, bien malin qui pourrait distinguer la politique de ces ministres de droite et de « gauche ». Le seul « changement » apporté par Valls se réduit finalement à prévenir les Roms un peu avant de les expulser, et à demander aux policiers de bien vouloir être plus polis avec les jeunes.