À Gondecourt, près de Seclin, l'équipementier automobile Vistéon annonce 99 suppressions d'emplois, sous prétexte de baisse du chiffre d'affaires. Depuis des années, la direction supprime des postes et ne remplace pas ceux qui partent : mais pour ceux qui restent, les cadences s'accélèrent évidemment sans cesse.

Il reste aujourd'hui 650 travailleurs à Gondecourt et il y a environ 200 intérimaires ou plus en permanence depuis des années. Quant à Carvin, jumelé à Gondecourt, à quelques kilomètres, où il reste une cinquantaine de personnes, l'usine devait fermer en juin parce que Toyota n'a pas reconduit son contrat. Finalement, la fermeture serait décidée pour la fin de l'année.

Quand, début juillet, la direction a demandé à des travailleurs de la logistique de débarrasser des stocks, ceux-ci ont refusé et débrayé. Le directeur leur a alors affirmé qu'il n'y avait pas d'inquiétude à avoir. Mais les 99 licenciements étaient annoncés quelques jours après.

Á Vistéon, qui produit des tableaux de bord et des panneaux de portes pour PSA, Renault, Volvo et Toyota, c'est le onzième plan de suppressions d'emplois en onze ans. Depuis 2000, le nombre de travailleurs en France est passé de 3 000 à 1 400. Á Rennes, où Peugeot annonce aujourd'hui 1 400 suppressions d'emplois, il y avait une usine Vistéon qui travaillait pour Peugeot, elle a été supprimée et 450 salariés ont été virés fin 2010. À Flins, à côté de Renault, le site Vistéon a fermé en 2010 : 70 travailleurs ont été jetés dehors. Á côté de Renault-Douai aussi, il y avait un site, Brebières, qui a été supprimé il y a quelques années.

Pourtant, les actionnaires du groupe américain Vistéon sont toujours grassement payés et le groupe est régulièrement cité dans la presse économique pour les milliards qu'il brasse. Dernièrement, Vistéon a cherché à vendre son activité Intérieur à sa coentreprise chinoise Yanfeng Visteon Automotive Trim Systems. La nouvelle entreprise annonçait un chiffre d'affaires annuel d'environ quatre milliards de dollars à l'échelle mondiale. Finalement, les négociations auraient échoué, mais aussitôt, on apprend que Vistéon rachèterait pour près d'un milliard de dollars la totalité des actions d'une entreprise coréenne, Halla Climate Control, dont il possède déjà 70 %. Ces milliards qui naviguent d'un continent à l'autre, c'est dans la poche de ceux qui travaillent qu'ils sont pris et c'est à garantir aujourd'hui les emplois qu'ils doivent servir.