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Dans les entreprises
PSA : Les mensonges grossiers du patronat
Depuis une semaine, la direction du groupe PSA -- et derrière elle les représentants du patronat -- ont mis en route la grosse machinerie pour préparer l'opinion à l'annonce de la fermeture d'Aulnay et de milliers de suppressions de postes dans d'autres usines.
Dans cette comédie bien huilée, la direction du groupe a reçu le soutien de toute une partie de la presse, bien complaisante : depuis une semaine, les titres, tous plus catastrophistes les uns que les autres, s'enchaînent à la une des médias : « PSA s'effondre », « PSA au bord du gouffre », a même titré Le Figaro. Un gouffre où la famille Peugeot ne devrait pas se faire trop mal si elle devait y tomber, sa chute étant amortie par le matelas de milliards qu'elle cache en Suisse depuis des décennies.
Mais la presse n'est pas seule à jouer cette partition : un certain Eric Saint-Frison, « consultant automobile », a expliqué le 5 juillet sur BFM avec le cynisme de ceux dont l'avenir n'est pas menacé par un licenciement : « La question est de savoir pourquoi il faudrait garder un site industriel là où il ne devrait plus y en avoir ? » Quant à la patronne du syndicat des milliardaires, Laurence Parisot, elle a naturellement pris fait et cause pour la fermeture d'Aulnay en expliquant qu'il fallait « accepter des restructurations » au nom de la compétitivité -- et cela même si c'était « douloureux ».
Ce qui a provoqué toute cette effervescence, c'est la publication d'un simple chiffre : les ventes de PSA, au premier semestre 2012, auraient chuté de 13,6 %. Même si ce chiffre reflétait réellement une baisse des ventes, on ne voit pas bien en quoi il justifierait une saignée de milliers d'emplois : rappelons qu'en 2010 et 2011, PSA a réalisé les deux meilleurs chiffres de vente de son histoire, et que même avec 13 % de chute, le groupe resterait encore très au-dessus de ses chiffres des années 1990.
Mais de toute façon, l'annonce de ce chiffre est une grossière manipulation. La direction « oublie » en effet de préciser que, suite à l'accord avec GM, elle a décidé de suivre l'embargo américain sur le marché iranien. Or, ce marché tenait jusqu'alors la deuxième place dans les ventes du groupe, juste après la France. En renonçant à exporter en Iran, PSA a décidé de s'asseoir sur 457 000 voitures vendues par an (en 2011), soit quelque 200 000 en six mois... quelle surprise, tout juste le chiffre de baisse des ventes annoncé cette semaine ! Hormis ce choix stratégique du constructeur, il n'y a donc pas de baisse des ventes... mais simplement une annonce bien opportune, qui permet de justifier aux yeux de l'opinion la fermeture d'une usine de montage.
Il y a au moins une catégorie de la population que ces manoeuvres rendent enthousiastes : ce sont les spéculateurs. Le jour où la presse a donné la parole à un syndicaliste du groupe qui disait craindre plus de 10 000 licenciements à venir chez PSA, l'action du groupe bondissait... de plus de 5 % !