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Dans les entreprises
PSA-Citroën -- Aulnay-sous-Bois : Les peintres en grève
Plus d'une vingtaine des trente peintres de la cabine des laques au bâtiment peinture de l'usine PSA-Citroën d'Aulnay ont fait grève pendant cinq jours.
L'annonce par la direction d'un CCE extraordinaire le 12 juillet où elle annoncerait « des mesures à prendre pour le redressement », et confirmerait son intention de fermer l'usine dans les mois qui viennent, a déclenché le mécontentement des ouvriers. Le mardi 3 juillet, les travailleurs de l'équipe du matin refusaient de prendre le travail après la pause repas. Mercredi matin, ils continuaient la grève. Après le changement d'équipe, ils étaient rejoints par ceux de l'après-midi. Les premiers contacts avec la direction, au lieu de les décourager, les convainquit au contraire de continuer leur mouvement.
Une dizaine d'intérimaires qui travaillent dans la cabine de peinture a fait grève avec les autres peintres. Certains ont même joué un rôle moteur dans la grève. Il faut savoir que si la direction a embauché une telle proportion d'intérimaires en peinture -- dix intérimaires sur quinze peintres par équipe et pour dix postes de travail -- c'est parce qu'elle espérait pouvoir, en cas de grève des embauchés contre la fermeture de l'usine, les remplacer par les intérimaires. C'est raté.
La grève a été l'occasion, pour tous, d'exprimer leur ras-le-bol. Ras-le-bol des accidents du travail -- mains, chevilles et poignets abîmés, genoux cassés, perte d'audition... Ras-le-bol aussi des coefficients promis qui ne viennent jamais, des salaires bloqués depuis des années. Et pour les intérimaires, ras-le-bol des contrats qui ne durent que quelques mois, des salaires de 1 200 euros par mois qui ne permettent pas de vivre.
La cabine des laques est un passage obligé : toutes les voitures doivent y passer. La grève des peintres s'est donc traduite, à partir du deuxième jour, par un quasi-blocage de la production. Toute l'usine tournait tantôt au ralenti, tantôt était complètement à l'arrêt.
La direction a bien essayé de faire remplacer les grévistes par des chefs d'équipe. Mais la plus grande partie de leur production était ratée et a abouti en retouche. Pas si simple de remplacer les peintres ! Au total, la direction a perdu plus de 1 500 voitures, soit environ 20 millions d'euros de manque à gagner.
Des négociations ont eu lieu presque chaque jour, avec l'ensemble des grévistes. Au cours d'une de ces négociations, le directeur de peinture, répondant à des intérimaires qui revendiquaient la prolongation de leur contrat, a déclaré qu'il était possible qu'après janvier 2013 l'usine ne tourne plus qu'avec une seule équipe. Une information que la direction s'était bien gardée de rendre publique jusque-là !
Finalement, la direction paye à tous les grévistes douze heures de grève ; les intérimaires ont obtenu la prolongation de leurs contrats de quatre mois... jusqu'au 31 janvier 2013 et le paiement de la semaine de chômage programmée pour la dernière semaine du mois d'août à la fin du mois au lieu d'à la fin de leur mission. Les travailleurs de la peinture ont repris le travail, fiers de s'être fait respecter et d'avoir fait reculer la direction. Surtout, jusqu'au bout, travailleurs embauchés et travailleurs intérimaires se sont retrouvés au coude à coude dans la grève, déjouant les calculs de la direction qui misait sur leur division. C'est un gage pour l'avenir.
Durant les cinq jours de la grève, dans le reste de l'usine, les travailleurs ont regardé avec sympathie le mouvement des peintres. Dans les ateliers, des assemblées appelées par les militants de la CGT pour raconter la grève et préparer les prochaines actions contre la fermeture, ont rassemblé à plusieurs reprises de 100 à 200 travailleurs. L'ambiance n'était pas encore à suivre l'exemple des peintres. Mais ce n'est que partie remise.