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Dans le monde
Sommet européen : Les peuples européens appelés au secours des banquiers
Comme tous les sommets européens précédents, censés sortir l'Europe de la crise financière -- c'est le 18e en trente mois -- celui des 28 et 29 juin a été salué par une salve de déclarations enthousiastes, complaisamment reprises par la presse.
Il s'agissait d'abord, dans l'urgence, de venir au secours de l'Espagne et de l'Italie, attaquées par les spéculateurs et contraintes de payer de plus en plus cher pour leurs emprunts.
Les dirigeants européens ont ainsi autorisé le FESF (Fonds européen de stabilité financière) et le MES (Mécanisme européen de stabilité), qui doit lui succéder, à racheter les obligations des États européens. La mesure est destinée à contrer les spéculateurs et à faire baisser les taux d'intérêt. Mais c'est aussi un cadeau pour les banques, qui pourront se débarrasser des obligations qu'elles détiennent avant qu'il ne soit trop tard, avant que leur valeur ne s'effondre. Pour les fonds de secours, et pour les États qui les financent, ce n'est évidemment pas un cadeau, car cela revient à leur transférer les pertes à venir. Et ce sont les contribuables européens qui paieront la note.
Les chefs d'État et de gouvernement réunis à Bruxelles ont aussi accédé à la demande du gouvernement espagnol qui réclamait que les milliards promis par l'Europe pour venir au secours des banques espagnoles en difficulté leur soient directement prêtés, et pas à l'État. La promesse de l'Europe s'étant traduite par une explosion du montant de sa dette, elle n'avait même fait que stimuler la spéculation.
Les milliards promis seront donc accordés directement aux banques espagnoles. Cette règle sera généralisée : elle s'appliquera désormais à chaque fois à toutes les banques européennes qui appelleront l'Europe au secours.
C'est une bonne nouvelle pour les banques. Jusqu'à présent, et en particulier depuis les débuts de la crise financière en 2008, c'étaient les États qui venaient au secours de leurs banques. Pour cela, ils se sont surendettés, sont devenus la proie des spéculateurs tout en n'ayant plus les moyens de sauver la mise de leurs banques. Désormais, ce sera donc l'Europe, -- c'est-à-dire les États européens, qui empruntent pour financer les fonds de secours -- qui prendra le relai. En cas de problème, ce ne sera plus chaque État -- et ses contribuables -- qui paiera, mais les États et les contribuables de l'ensemble de l'Europe.
Pour les contribuables, cela reviendra au même mais, pour les États, cette mutualisation des dettes les soulagera. Autre bonne nouvelle pour les banquiers, les dirigeants des gouvernements européens ont aussi décidé à l'occasion du sauvetage des banques espagnoles que le Mécanisme européen de solidarité perdrait son statut de créancier prioritaire par rapport aux banques : en cas de défaut de paiement, les pertes seront réparties à égalité entre les États et les banques créancières. « C'est la meilleure nouvelle du sommet pour les investisseurs », titrait un article des Échos du 29 juin.
L'annonce des résultats du Sommet s'est traduite par de fortes hausses sur toutes les Bourses mondiales. Mais la crise financière et la crise économique sont loin d'être terminées.
Les mesures décidées au sommet de Bruxelles ne sont que des déclarations d'intentions. Reste à en définir les modalités d'application... si les 17 États de la zone euro arrivent à s'accorder, et si elles sont appliquées.
Les conditions imposées aux États supposent toutes le respect de leurs engagements en matière de réduction des déficits et d'aggravation des plans d'austérité.
À la fin du sommet de Bruxelles, François Hollande s'est réjoui des progrès de l'Europe en matière de solidarité. Mais c'est de solidarité avec les banques, pas avec les peuples, qu'il s'agit.