Mexique - élection présidentielle : Le Parti révolutionnaire institutionnel revient au pouvoir04/07/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/07/une2292.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mexique - élection présidentielle : Le Parti révolutionnaire institutionnel revient au pouvoir

Le 1er juillet, plus de 79 millions d'électeurs mexicains élisaient le président de la République, mais aussi 500 députés, 128 sénateurs, six gouverneurs et le maire de Mexico. C'est le candidat du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), Enrique Pena Nieto, qui l'a emporté avec 38 % des suffrages, contre 31 % à son rival de centre-gauche, Andres Manuel Lopez Obrador du Parti de la révolution démocratique (PRD). Josefina Vazquez Mota, la candidate du Parti d'action nationale (PAN), le parti de droite qui présidait le pays depuis douze ans, est largement battue.

Le retour du PRI à la tête du pays peut surprendre. De 1929 à 2000 ce parti, qui a longtemps maintenu de vagues références à la révolution mexicaine de 1910-1917, avait régné sans partage, pendant soixante et onze ans, nationalisant les compagnies pétrolières dans les années 1930 avec le président Cardenas, mais ses successeurs des années quatre-vingt-dix privatisèrent à tout va. Il était marqué par l'autoritarisme, la corruption et le clientélisme.

Le président élu prétend incarner un « nouveau » PRI soucieux du respect des règles démocratiques. Son élection a été largement préparée par la reconquête, lors des élections de 2009, de 20 régions sur 31, représentant autant de tremplins pour mobiliser les électeurs à la présidentielle. Le nouveau président a aussi été bien servi par les médias. Le quotidien britannique The Guardian a dénoncé par exemple l'existence d'un contrat secret entre le groupe Televisa et le candidat du PRI pour promouvoir son image et dénaturer son adversaire. Ce traitement privilégié a fini par déclencher un mouvement de révolte des étudiants de Mexico mobilisés contre le retour du PRI et réunissant 150 000 manifestants sur la place principale de Mexico.

La dégradation économique et sociale est l'une des sources du rejet du PAN et du retour du PRI. Près de la moitié des Mexicains vivent avec moins de deux dollars par jour. Si le lancement en 1994 de l'accord de libre-échange avec les États-Unis et le Canada a contribué à la prospérité des classes riches, dont Carlos Slim qui a fait fortune dans la téléphonie mobile et passe pour l'homme le plus riche du monde, il a surtout lié l'économie mexicaine à celle des États-Unis. La récession américaine de 2008-2009 a donc frappé le pays de plein fouet, faisant chuter la croissance et augmenter le chômage.

L'autre plaie du Mexique est le poids des cartels de la drogue et l'insécurité qu'ils génèrent. Le changement d'équipe dirigeante en 2000 avait mis fin au statu quo existant entre le PRI et les cartels. L'option prise par le PAN, suggérée par les États-Unis, a consisté à tenter de réduire l'influence des gangs par la répression armée. Le bilan est négatif. Non seulement les cartels ont étendu leur influence mais, à leurs actes de barbarie, sont venus s'ajouter les exactions de la police et de l'armée, tout aussi capables de déclencher des feux nourris en présence de civils innocents. Une partie de l'opinion renvoie maintenant dos à dos mafieux et militaires. L'an dernier, le meurtre du fils d'un poète a conduit son père à lancer un Mouvement pour la paix et la justice, qui tente de mobiliser la population contre cette guerre civile larvée ayant tué ces six dernières années 60 000 personnes.

Pour sortir le pays de la crise économique, les principaux candidats de la présidentielle ont proposé de s'attaquer au droit du travail pour faciliter les licenciements, d'alléger la fiscalité pour les possédants et d'entamer le démantèlement de Pemex, l'entreprise d'État du secteur pétrolier, toutes mesures qui devraient être mises en oeuvre par le PRI et qui contribueront à creuser encore l'écart entre les riches et les pauvres.

Quant au problème de l'insécurité, si de vagues promesses de réduire la corruption de la police ont été faites, le nouveau président devrait poursuivre pour l'essentiel la politique du PAN. Qu'une partie des cadres dirigeants du PAN aient rejoint le PRI constitue à cet égard un indice. C'est dire que rien de sérieux ne sera fait pour s'attaquer aux problèmes de la société mexicaine.

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