Santé des travailleurs : Un arrêté indigne qui doit être abrogé27/06/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/06/une2291.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Santé des travailleurs : Un arrêté indigne qui doit être abrogé

Le 2 mai, quatre jours avant le second tour de l'élection présidentielle, le directeur général du Travail, agissant pour le compte de son ministre Xavier Bertrand, faisait publier un arrêté annulant toutes les dispositions de contrôle renforcé des maladies professionnelles existant dans le pays.

Cela va du contrôle médical des salariés exposés aux produits contenant de l'arsenic, édicté en 1949, à la silicose en 1950, jusqu'à l'arrêté pris en 1996 définissant les devoirs de surveillance des médecins du travail pour les salariés exposés à l'amiante, en passant par l'évaluation des risques des salariés devant soulever des charges lourdes. Au total douze arrêtés, pris au cours de dizaines d'années, fixant les règles de surveillance des salariés exposés aux risques professionnels, ont été d'un coup annulés.

Immédiatement, de très grandes entreprises ont sauté sur l'occasion pour annoncer la fin de la surveillance médicale des salariés concernés. Cela touche des dizaines, voire des centaines de milliers de travailleurs exposés aux risques. Et ce qui est le plus choquant, c'est qu'une des plus importantes d'entre elles, entièrement contrôlée par l'État, la SNCF, a déjà fait savoir, suite à cela, la fin de toute une série de visites de contrôle.

Il aura fallu des dizaines d'années de combat des travailleurs pour imposer la reconnaissance d'une série de risques professionnels et des dispositions particulières de contrôle, pour essayer d'en limiter un peu les dégâts sur la santé avant qu'il ne soit trop tard. Et, par un simple arrêté, tout cela se retrouve annulé, les salariés abandonnés à eux-mêmes pour faire face aux agressions indirectes de leurs patrons, par l'intoxication ou les conditions déplorables de travail.

Ce coup de force montre certes l'arrogance des commis du patronat au ministère du Travail précédent, mais l'absence de réaction du nouveau ministre depuis des semaines est tout autant scandaleuse. Car il suffirait d'un nouvel arrêté de deux lignes pour rétablir sur-le-champ ce que le représentant de l'ancien ministre, M. Combrexelle, s'est permis de faire avant que Xavier Bertrand remballe ses cartons. Mais à ce jour rien, silence.

Tout comme jusqu'à ce jour c'est le silence au niveau des confédérations syndicales, qui pourraient mettre le ministre en demeure d'annuler sur-le-champ cette décision honteuse et déjà, pour préserver l'avenir, la contester devant le Conseil d'État. Un groupe milliardaire, comme Suez, peut se permettre de contester et de faire annuler en Conseil d'État un décret du gouvernement bloquant temporairement le prix du gaz, et cela pour la seule santé de ses actionnaires ; et pour la défense de la santé de millions de travailleurs, rien ne serait même entrepris ? La contestation du décret doit avoir lieu avant le 2 juillet, et il faut encore espérer qu'elle ait lieu. Quoi qu'il en soit, cet arrêté honteux devrait être immédiatement abrogé.

Partager